Publié le 6 octobre 2025

L’organisation patronale du mouvement Impact France, qui rassemble 30 000 entreprises françaises, réclame un budget pour “réorienter l’économie française vers un modèle basé sur la qualité sanitaire, environnementale et sociale”. Elle propose notamment de réorienter les aides aux entreprises et les investissements vers les modèles économiques durables.

C’est au tour des entreprises de se positionner dans le débat budgétaire français. Cette fois, ce sont plus de 30 000 entreprises, réunies au sein du syndical patronal Impact France qui viennent de publier un appel réclamant un budget “qui combine sérieux budgétaire, exigence de justice sociale et modernisation de l’économie”. Les chefs d’entreprise demandent notamment une proposition budgétaire “au service des entreprises et de l’intérêt commun”, et capable “d’accélérer le déploiement stratégique des innovations écologiques et sociales”.

“L’enjeu est clair : nous devons sortir de l’instabilité et définir un cap qui combine sérieux budgétaire, exigence de justice sociale et modernisation de l’économie”, explique Caroline Neyron, directrice générale du mouvement Impact France. L’organisation patronale voit dans le projet de budget “une opportunité majeure de réorienter l’économie française vers un modèle capable d’instaurer un cercle vertueux de développement économique autour de la qualité sanitaire, environnementale et sociale des produits et des services”. Elle formule une douzaine de “propositions concrètes et activables” qui permettraient à l’économie française de réduire son déficit tout en “répondant collectivement aux défis d’aujourd’hui et de demain”, notamment en réformant les aides aux entreprises.

Réorienter les aides publiques aux entreprises pour l’intérêt général

Le mouvement patronal propose notamment de repenser la manière dont l’Etat attribue les aides aux entreprises (qui coûtent chaque année près de 200 milliards d’euros), afin de favoriser l’investissement dans des activités vertueuses. Selon Impact France, l’Etat dépense chaque année plus de 7 milliards d’euros en Crédit d’impôt recherche, pour financer notamment la R&D des multinationales. L’organisation propose de réorienter ces aides vers des PME à impact, et de créer un taux préférentiel pour les entreprises contribuant à des innovations à bénéfice social et environnemental.

Le mouvement Impact France préconise également de réduire les dépenses de l’Etat en organisant la “suppression progressive et ciblée des “niches brunes” […], les dispositifs fiscaux ou budgétaires qui soutiennent indirectement les activités polluantes”, et de réorienter les aides publiques prioritairement vers les entreprises qui contribuent, par leurs activités, à réduire les coûts pour la société : industries de décarbonation, services d’inclusion sociale, d’aide à l’emploi, à la formation, de préservation des ressources naturelles. Le syndicat patronal propose en outre de conditionner les aides publiques à des clauses anti-délocalisation, à des obligations de maintien de l’emploi, ou au respect des règlementations de durabilité. Objectif : financer les entreprises qui contribuent à la souveraineté économique, au développement économique local, et à la transformation durable, plutôt qu’à la désindustrialisation et à la destruction des écosystèmes.

Soutenir l’investissement dans les solutions durables

Le mouvement Impact France appelle également à “accélérer l’émergence et le déploiement de solutions qui répondent directement aux grands défis sociaux et environnementaux, tout en favorisant l’essor de nouvelles filières d’avenir”, estimant que l’objectif de réduction du déficit ne doit pas se faire au détriment de l’investissement dans les innovations et solutions d’avenir, notamment les énergies bas carbone. L’organisation patronale appelle par exemple à maintenir voire renforcer les dispositifs existants pour soutenir les industries clés de la transition écologique, comme le dispositif MaPrimeRenov, qui soutiennent la souveraineté énergétique de la France. Elle invite également les pouvoirs publics à abaisser le taux de TVA sur les activités liées à la transition énergétique, à la rénovation énergétique, ou à la réparation, afin de booster ces filières. Une “TVA circulaire” à taux réduit permettrait par exemple de favoriser la réparation de l’électroménager, du textile et d’autres équipements, limitant la dépendance aux importations dans ces secteurs.

Depuis quelques mois, en pleine instabilité politique, le patronat semble ainsi plus divisé que jamais sur la stratégie économique et sociale du pays, et Impact France, en opposition à des organisations comme le Medef qui soutiennent l’austérité budgétaire, semble aujourd’hui incarner la voix d’un patronat à l’écoute de l’urgence sociale et écologique. “Face à une incertitude croissante, nos chefs d’entreprise ont besoin de stabilité et de signaux forts pour pouvoir investir, embaucher et innover. Nous devons sortir du blocage et trouver des solutions de compromis” conclut Caroline Neyron.

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