Publié le 11 août 2025

En parallèle de sa guerre commerciale, Donald Trump entend saper tout le travail mené jusqu’ici sur le changement climatique pour justifier la dérégulation des émissions de gaz à effet de serre. Son budget 2026 ne financera plus deux missions satellitaires majeures pour le climat et l’agriculture.

Alors que les droits de douane américains viennent d’entrer en vigueur, Donald Trump mène en parallèle une autre guerre, contre le climat. Depuis son arrivée à la Maison-Blanche, marquée par la sortie de l’Accord de Paris, le président ouvertement climato-sceptique multiplie les attaques contre la science. Parmi ses dernières lubies, la fin de deux missions satellitaires majeures, baptisées “Orbiting Carbon Observatories” (OCO), qui mesurent les émissions de gaz à effet de serre (CO2) et la croissance des plantes à travers le monde. C’est ce qu’a révélé lundi 4 août la radio publique américaine NPR.

Ce sont les deux seules missions satellites fédérales conçues et construites spécifiquement pour surveiller les gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique. Mais le projet de budget 2026 du président Donald Trump ne prévoit aucun financement pour ces satellites. La Nasa a ainsi déclaré via un communiqué cité par l’agence américaine Associated Press que les travaux des satellites allaient “au-delà de leur mission principale” et qu’ils seraient interrompus “pour s’aligner sur l’agenda du président et les priorités budgétaires”.

“Coup fatal”

La représentante démocrate Zoe Lofgren, citée par NPR, parle d’un “coup fatal” porté à la capacité américaine de prévoir et de répondre aux catastrophes climatiques, tout en rappelant que saborder des missions déjà votées et financées par le Congrès contreviendrait à la loi budgétaire en vigueur. “Le principe semble être que si nous arrêtons de mesurer le changement climatique, il disparaîtra tout simplement de la conscience américaine”, a réagit Michael Mann, climatologue à l’Université de Pennsylvanie.

Les scientifiques sont également vent debout contre un rapport du ministère de l’Energie, qui vise lui aussi à saper la science du climat. Il doit servir de fondement pour revenir sur une décision clé datant de 2009 qui a lancé la régulation des émissions de gaz à effet de serre. Mais de nombreux scientifiques de premier plan ont affirmé à l’AFP que leurs recherches, citées dans le rapport, avaient été détournées pour minimiser le rôle de l’activité humaine dans le changement climatique, multipliant citations inexactes, analyses erronées et fautes rédactionnelles.

“Je suis préoccupée par le fait qu’une agence gouvernementale ait publié un rapport destiné à informer le public et à orienter les politiques sans qu’il n’ait été soumis à un processus rigoureux d’évaluation par les pairs, tout en interprétant de manière erronée de nombreuses études qui, elles, l’ont été”, a réagi auprès de l’AFP Bor-Ting Jong, professeure assistante à la Vrije Universiteit d’Amsterdam.

Recours collectif

Autre dispositif visé par les coupes budgétaires de Donald Trump, les subventions fédérales pour l’installation de panneaux solaires sur les toits de centaines de milliers de foyers américains défavorisés, mis en place par l’Inflation reduction act de Joe Biden. Les fonds dédiés à ce programme ont été annulés, a affirmé la semaine dernière Lee Zeldin, le patron de l’Agence fédérale de protection de l’environnement (EPA).

Auparavant, l’administration Trump avait également arrêté brusquement un autre programme de 3 milliards de dollars visant à protéger les communautés des catastrophes climatiques et des risques environnementaux. Une coalition d’organisations à but non lucratif, de tribus et de gouvernements locaux a lancé une poursuite contre l’EPA et Lee Zeldin, estimant que cette décision était inconstitutionnelle et devait être annulée. Ce recours collectif proposé est le premier du genre. Sans doute pas le dernier.

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