Publié le 24 juin 2025

Le nombre de catastrophes naturelles a été multiplié par quatre en quelques années. Et la facture augmente pour les assureurs et le régime “cat nat”, dont les indemnisations ont encore dépassé les 2 milliards d’euros en 2024. Face au risque d’inassurabilité des habitations dans certaines régions, les propositions de réforme du système affluent, notamment celle d’une sécurité sociale climatique.

Les catastrophes naturelles ont encore coûté 2,17 milliards d’euros en 2024 au régime “cat nat” piloté par la Caisse centrale de réassurance (CCR). Cet organisme public est en charge de gérer ce régime, particularité française qui permet une plus grande mutualisation de l’indemnisation des sinistres climatiques. L’année 2024 était pourtant “une année normale“, selon Jacques Le Pape, le président de la CCR. “Les indemnisations ont principalement concerné les inondations et non la sécheresse“, déclarait-il lors de la journée annuelle de la CCR, mercredi 18 juin.

Et pourtant, l’année 2024 s’inscrit dans la tendance inquiétante, qui s’accélère ces dernières années, de l’augmentation régulière des catastrophes naturelles en France. La fréquence des sinistres est aujourd’hui quatre fois supérieure à ce qu’elle était en 2015, selon les données de la CCR. Depuis 2016, les indemnisations au titre du régime des catastrophes naturelles ont systématiquement dépassé les 2 milliards d’euros par an, hormis en 2021, largement au-dessus de la moyenne de la période allant de 1982 à 2024 (1,4 milliard d’euros).

Le risque de sécheresse est celui qui fait particulièrement trembler l’assurance, tant le phénomène progresse avec des conséquences dramatiques sur les fondations des habitations, en raison du phénomène de retrait-gonflement des sols argileux (RGA). La sécheresse coûte ainsi chaque année de plus en plus cher, jusqu’à atteindre 3,6 milliards d’euros en 2022. Le risque RGA pouvant potentiellement toucher une habitation sur deux en France, la facture n’est pas près de redescendre.

Le régime cat nat dans le rouge

Le régime cat nat est à bout de souffle : depuis 2016, il s’est retrouvé dans le rouge huit années sur neuf, les indemnisations dépassant les cotisations. Le gouvernement a dû augmenter dans l’urgence la surprime “cat nat” en décembre 2023, cette cotisation que tous les assurés paient sur leurs contrats d’assurance habitation et automobile. Depuis le 1er janvier 2025, elle est passée de 12 à 20% pour les habitations et de 6 à 8% pour les voitures, de quoi permettre à la CCR de retrouver un peu d’air dès cette année. Mais pour combien de temps ? Pour Edouard Veillefond, directeur général de la Caisse, il s’agit d’une “première étape“. “D’autres rendez-vous seront nécessaires pour intégrer les évolutions climatiques à l’horizon 2025“, écrit-il sur LinkedIn.

A tel point que les idées fusent pour tenter à la fois de maîtriser les coûts, mais aussi de veiller à ce que toutes les habitations en France restent assurables. Le Haut commissariat à la stratégie et au plan (HCSP), cet organisme public dirigé par l’ex-ministre Clément Beaune, a publié en juin un rapport intitulé “Repenser la mutualisation des risques” dans lequel il présente trois pistes de réforme du régime cat nat, allant du simple ajustement, à sa disparition pure et simple pour le remplacer par une “sécurité sociale climatique”.

Dans ce scénario, qui interviendrait quand des zones entières du territoire deviendraient inassurables, rendant plus difficile la mutualisation des risques, l’Etat deviendrait alors l’assureur de tous les évènements climatiques pesant sur les habitations. Tous les ménages y seraient affiliés et paieraient une cotisation climatique assise sur la taxe d’habitation et la taxe foncière. Enfin, une branche prévention subventionnerait les travaux d’adaptation des ménages, mais aussi des programmes de prévention collectifs au niveau des collectivités locales.

Accélérer la prévention des catastrophes naturelles

Cette refonte intégrale du système va cependant bien trop loin aux yeux des assureurs. France Assureurs, l’organisation professionnelle du secteur, y voit des propositions “irréalistes” et “dangereuses pour les finances publiques” et estime que le système public-privé actuel est plus performant.

Reste que le régime doit être renforcé. Le maître-mot de la profession, c’est la prévention et la réalisation de travaux d’adaptation des bâtiments. Car la prévention collective, au niveau des territoires, fonctionne. “Pour un euro investi dans un plan de prévention des risques, on économise onze euros à long terme. Et quand un euro est investi dans un programme d’action de prévention des inondations, on économise 3,5 euros à moyen terme“, souligne Antoine Quantin, directeur adjoint des réassurances et fonds publics de la CCR. Au niveau de la prévention individuelle en revanche, cela flanche. “Il y a un sujet de sensibilisation, car les particuliers n’ont souvent pas conscience des risques auxquels ils sont exposés“, reprend Antoine Quantin.

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