Publié le 15 novembre 2024

A la recherche de nouvelles sources de financements climatiques. Lors de la journée dédiée à la finance, à la COP29 de Bakou, jeudi 14 novembre, une coalition portée notamment par la France a appelé à de nouvelles taxes sur les activités les plus polluantes comme l’aviation, le transport maritime, les énergies fossiles, le plastique ou encore les plus grosses fortunes.

Trouver les milliers de milliards pour financer l’action climatique dans les pays en développement. C’est l’objectif de la nouvelle coalition lancée par la France, la Barbade, et le Kenya, à la COP29 de Bakou jeudi 14 novembre, lors de la journée consacrée à la finance. Comment ? En instaurant des taxes sur les industries à forte intensité de carbone, sur le principe du pollueur-payeur.

“Les engagements financiers publics actuels ne suffisent pas, nous devons donc envisager ces taxes”, a lancé la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley à la tribune de la COP29, qui est centrée cette année sur les questions de finance. “Entre le secteur maritime, l’aérien et les énergies fossiles, nous pouvons facilement arriver autour de 350 milliards de dollars par an”, a-t-elle estimé.

Aviation, fossiles, plastique, milliardaires…

Le Groupe de travail à l’origine de cette coalition, la Global Solidarity Levies Task Force, a publié son rapport d’étape, dévoilant une série de pistes. Parmi elles, une taxe sur l’aviation qui pourrait comprendre une taxe sur le kérosène, y compris sur les jets privés, et des taxes sur les billets d’avion pour les classes de “luxe” (business, première) et les grands voyageurs. Des mesures qui pourraient générer entre 19 et 164 milliards de dollars par an.

Le secteur du transport maritime n’est pas épargné. Une taxe sur ses émissions de gaz à effet de serre pourrait rapporter jusqu’à 127 milliards de dollars par an, en se basant sur un prix du carbone compris entre 150 et 300 dollars par tonne de CO2 équivalent (CO2e). Le groupe de travail propose aussi une taxe sur les combustibles fossiles. Celle-ci pourrait s’appliquer sur leur extraction, à hauteur de 5 dollars par tonne de CO2e, ce qui pourrait rapporter 900 milliards de dollars d’ici 2030 si elle est appliquée dans les pays de l’OCDE. Un prélèvement sur les bénéfices exceptionnels des 36 plus grandes entreprises pétro-gazières, rapporterait entre 212 et 382 milliards de dollars par an. Une taxe sur les transactions financières pourrait quant à elle générer entre 238 et 419 milliards de dollars par an.

Le groupe de travail définit également des secteurs supplémentaires qui pourraient faire l’objet d’une taxation comme la production de plastiques. Fixée entre 60 et 90 dollars la tonne de CO2, une telle taxe pourrait rapporter de 25 à 35 milliards de dollars par an, soutenant ainsi les actions contre la pollution plastique. Les cryptomonnaies, dont la demande énergétique est très forte, sont également identifiées, avec une taxe de 0,045 dollars par kilowattheure qui pourrait générer 5,2 milliards de dollars de revenus. Enfin, une taxe sur les milliardaires, portée par le Brésil et soutenue par le G20, pourrait rapporter 200 à 250 milliards de dollars, et participer à un paysage fiscal mondial plus équitable.

1 300 milliards de dollars

“L’un des piliers fondateurs de l’Accord de Paris est la solidarité financière entre les pays développés et les pays en développement, a rappelé Laurence Tubiana, co-responsable du secrétariat du groupe de travail sur les taxes de solidarité et directrice générale de la Fondation européenne pour le climat. D’ici la COP30 à Belém, nous voulons proposer des options concrètes pour que les prélèvements de solidarité mondiaux fournissent de nouvelles sources de financement prévisibles, stables et concessionnelles”. Des évaluations d’impact et des consultations seront menées avant la publication d’un rapport final présenté pendant des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale en avril 2025. La Coalition compte à ce jour 17 membres, dont l’Espagne, le Sénégal, le Danemark, la Zambie, les Fidji, Djibouti, l’Union africaine ou encore la Commission européenne.

Selon un rapport actualisé du groupe indépendant d’experts sur le financement du climat (IHLEG), publié jeudi 14 novembre, les pays en développement ont besoin de 1 300 milliards de dollars d’ici 2035 pour financer la lutte contre le changement climatique. Pour atteindre cet objectif, les experts préconisent que les économies avancées triplent leur engagement actuel de 100 milliards de dollars pour le porter à 300 milliards de dollars. Le reste devrait provenir principalement du secteur privé (500 milliards de dollars par an) et des banques multilatérales de développement, qui doivent elles aussi tripler leurs financements.

“Tout déficit d’investissement avant 2030 exercera une pression supplémentaire sur les années suivantes, créant un chemin plus escarpé et potentiellement plus coûteux vers la stabilité climatique”, indique le rapport des experts. “Moins le monde en fait aujourd’hui, plus nous devrons investir plus tard”, ajoutent-ils. Pour l’instant, les négociations sur un nouvel objectif collectif quantifié sont au point mort. Un nouveau texte, qui fait plus de 30 pages et contient encore 90 options, a été proposé, laissant un large champ des possibles qu’il faudra parvenir à réduire d’ici une semaine.

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