Le septième rapport d’évaluation du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sera-t-il prêt à temps pour 2028, date du deuxième bilan mondial de l’action climatique ? Rien n’est moins sûr. Après une semaine de négociations intenses et complexes, qui se sont tenues en Bulgarie du 27 juillet au 2 août, les délégués de 114 gouvernements n’ont pas réussi à s’accorder sur le calendrier de planification stratégique. Il a donc été décidé de reporter le sujet à la prochaine réunion, retardant d’autant les travaux.
En janvier dernier, trois pays, l’Arabie Saoudite, la Chine et l’Inde, avaient déjà fait échouer une décision sur la publication des rapports des trois groupes de travail – le premier groupe se concentre sur la physique du climat, le second les impacts du climat sur les sociétés et les écosystèmes, tandis que le troisième s’occupe des solutions – et sur la synthèse. Celle-ci ne devrait arriver qu’en 2029, sauf changement de calendrier. Ils seraient désormais une douzaine à bloquer les discussions.
“Fournir une évaluation scientifique aux décideurs politiques”
“Le Giec doit produire son rapport phare à temps pour le prochain bilan mondial de l’ONU”, lancent une quarantaine d’auteurs du Giec de pays en développement, dont le Dr Youba Sokona, expert malien en énergie et développement durable et vice-président du sixième cycle d’évaluation du Giec, dans une tribune. “Je pense qu’il est essentiel de veiller à ce que le cycle du Giec soit aligné sur les échéances du bilan mondial” afin de “fournir une évaluation scientifique aux décideurs politiques”, expliquent-ils. Ainsi, en 2023, le 6e rapport d’évaluation, publié en début d’année, a joué un rôle important dans le premier bilan mondial climatique : pour la première fois, les gouvernements se sont accordés sur une sortie progressive des énergies fossiles, lors de la COP28 qui s’est tenue en décembre dernier.
Les scientifiques balaient ainsi d’un revers les principaux arguments des opposants à une accélération du rythme de travail : à savoir le manque de représentation des pays du Sud et des non-anglophones, la perte de qualité des travaux et une liste de sujets restreints. Selon eux, il existe des alternatives pour l’inclusion des pays les moins représentés comme “la création de réseaux pour les chercheurs du Sud, la facilitation de numéros spéciaux dans des revues universitaires et l’organisation de réunions régionales”. Ils estiment également que “la rédaction et les révisions par des experts peuvent être légèrement accélérées”, de l’ordre de quelques mois, “sans compromettre la qualité”.
Deux rapports sur les villes et les émissions de méthane
En attendant une décision sur le calendrier, lors de la prochaine session plénière du Giec début 2025, un consensus a pu être trouvé sur les grandes lignes de deux rapports spéciaux publiés dans le cadre de ce septième cycle d’évaluation. Ils seront consacrés aux villes et au rapportage des gaz à effet de serre de courte durée de vie comme le méthane, dont les émissions ne cessent d’augmenter. “La décision du Comité ouvre la voie aux prochaines étapes cruciales de notre travail : la nomination et la sélection des auteurs qui rédigeront ces deux rapports. Nous sommes impatients que ces processus intègrent le groupe d’auteurs le plus diversifié et le plus inclusif à ce jour”, a déclaré le Président du Giec, Jim Skea.
Le plan approuvé du rapport spécial sur le changement climatique et les villes portera sur les tendances, les défis et les opportunités pour les villes dans un climat en mutation, les actions et les solutions pour réduire les risques et les émissions urbaines, la manière de faciliter et d’accélérer le changement dans le contexte des villes, et les solutions par ville, par type et par région. Le Rapport méthodologique du Giec sur les inventaires des gaz à effet de serre à courte durée de vie guidera quant à lui la préparation et la déclaration d’un inventaire national des émissions de ces gaz à effet de serre. Leurs publications sont prévues respectivement pour mars et juillet 2027. C’est déjà ça de gagné…