Publié le 28 janvier 2024

Pas de changement en vue. Le Giec ne devrait publier la synthèse de son septième cycle d’évaluation qu’en 2029, soit après le prochain bilan de l’Accord de Paris prévu pour 2028. Un trio de pays s’est vivement opposé à une accélération du rythme. De même, un changement de formats, avec des publications plus spécifiques, a été écarté.

Malgré l’urgence climatique, les États membres du Giec – Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat – réunis en Assemblée générale du 16 au 20 janvier, ont décidé de ne pas accélérer et de maintenir le rythme de publication actuel, à savoir une synthèse tous les cinq à sept ans. Alors que son 6e rapport a été publié en 2023, le Giec travaille désormais sur son septième cycle d’évaluation, avec un “accent mis sur l’adaptation au changement climatique“, a précisé Jim Skea, président du Giec, dans un communiqué.
Alors que plusieurs voix dissonantes appelaient à un changement de modèle au profit de publications thématiques plus ciblées et plus rapides, les délégués ont finalement fait le choix du statu quo, en allégeant toutefois la charge de travail. Chacun des trois groupes va publier son rapport – le premier groupe se concentre sur la physique du climat, le second les impacts du climat sur les sociétés et les écosystèmes, tandis que le troisième s’occupe des solutions – et dresser un état de l’art, avant une synthèse qui n’arrivera qu’en 2029.
Il est également prévu un seul rapport spécial sur le changement climatique en ville (contre trois dans le cycle précédent) et des rapports méthodologiques sur les gaz à effet de serre à courte durée de vie comme le méthane, les technologies d’élimination du carbone et le captage et stockage du CO2 (CCS). Le Giec mettra par ailleurs à jour les directives techniques de 1994 sur les impacts et l’adaptation, offrant des indicateurs, des mesures et des méthodologies d’adaptation actualisés.

Opposition de trois pays


“Il me semble assez salutaire de s’interroger sur le format des rapports. Ces travaux prennent énormément de temps et d’énergie, ça mobilise des centaines de chercheurs, qui doivent évaluer l’ensemble de la production scientifique sur le climat. Et comme cette production scientifique augmente chaque année, ça prend de plus en plus de temps”, a souligné le politologue, membre du Giec, François Gemenne sur France Info.
Les discussions, qui ont duré quatre jours et une nuit, ont en outre achoppé sur l’échéance finale de ce septième cycle, de nombreux observateurs et pays appelant à ce qu’il s’achève à temps pour coïncider avec le deuxième bilan de l’Accord de Paris, qui aura lieu en 2028. Faute d’accord en raison d’une opposition de l’Arabie Saoudite, la Chine et l’Inde, la décision finale sur la publication des rapports des groupes de travail a été reportée à l’été prochain.
“Notre science doit être adaptée aux rythmes de l’élaboration des politiques, faisant écho aux besoins et aux urgences du moment”, a plaidé L. Delta Merner, scientifique au sein de Union of concerned scientists et observateur au sein du Giec. Chacune des synthèses du Giec a en effet eu une influence sur les décisions climatiques prises au sein des COP. Ainsi, la COP28 est parvenue à s’attaquer pour la première fois aux énergies fossiles.

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