Près de 10 000 salariés dans le monde doivent quitter Tesla pour “réduire les coûts et augmenter la productivité” a annoncé Elon Musk dans un mail envoyé à l’ensemble des salariés du groupe. Si les détails de ce plan social d’ampleur ne sont pas encore connus, il traduit la crise majeure que traverse la marque emblématique de la voiture électrique de luxe. Elle a perdu un tiers de sa valeur boursière depuis le début de l’année face à un marché qui ralentit. Les carnets de commandes sont moins remplis qu’avant et de nombreux constructeurs arrêtent leurs lignes électriques ou limitent le nombre de leurs modèles. Elon Musk n’a pas annoncé dans quelles régions du monde auraient lieu les licenciements. Tesla a des usines aux Etats-Unis, en Chine et en Europe, plus particulièrement en Allemagne et en Suède où le bras de fer avec le dirigeant de Tesla continue à propos du respect des droits syndicaux des salariés.
Fin 2023, Elon Musk notoirement opposé à tout mouvement syndical, a déclenché une grève sans précédent dans ses usines en Suède. Il refusait de se plier à la négociation d’accords collectifs sur les conditions de travail et de rémunération dans un pays où 90 % des emplois sont soumis à ce type de conventions. Le mouvement de protestation a alors gagné tout le pays et ses voisins.
Quatre mois plus tard, le patron de Tesla estime que “l’orage est passé sur cet épisode”. Ce n’est pas du tout l’avis des fonds de pension d’Europe du Nord, actionnaires de Tesla, qui comptent bien utiliser la prochaine assemblée générale dont la date ne semble pas encore connue, pour protester contre la politique anti sociale d’Elon Musk. En décembre, les grands investisseurs nordiques lui avaient écrit une lettre pour exprimer leur inquiétude sur cette grève et son refus de respecter le principe de la négociation collective. Il n’y a pas donné suite. Or la grève se poursuit et elle dure depuis six mois et pourrait même prendre une nouvelle ampleur ces jours-ci.
Une résolution sur les droits des travailleurs
Du coup, les actionnaires nordiques de Tesla veulent passer à un stade supérieur à l’image du fonds de pension norvégien KLP qui détient 900 000 actions de Tesla (157 millions d’euros). Interrogé par l’agence Reuters, la directrice de l’investissement responsable Kiran Aziz a affirmé que “si Elon Musk pense que l’orage est passé, cela prouve simplement qu’il sous-estime le conflit et ses conséquences. La prochaine étape pourrait être le dépôt d’une résolution à l’assemblée générale pour pousser la direction de Tesla à répondre aux questions de ses actionnaires.” Elle a exclu Tesla de ses fonds durables car c’est aujourd’hui une entreprise trop controversée. Un autre fonds de pension suédois, AMF partage cette position et estime que “l’entreprise manque toujours de transparence et pose problème quant à sa vision des droits des travailleurs”.
Le risque social de Tesla ne se limite pas aux salariés puisque dans un rapport de Human Rights Watch publié en février, la marque était accusée comme d’autres constructeurs électriques de profiter du travail forcé des Ouighours via leurs approvisionnements en aluminium. Alors que l’image environnementale positive des voitures Tesla est déjà écornée, il faudrait qu’Elon Musk prenne la mesure du prix des risques sociaux.