A peine 10 entreprises au niveau mondial, dont trois françaises, obtiennent la note maximale en matière de transparence environnementale : c’est ce que révèle la publication 2024 du CDP sur le sujet. Chaque année, l’organisme analyse les informations fournies par plus de 21 000 entreprises sur les thématiques environnementales, et publie sa “A-List” de celles qui sont les plus avancées en la matière.
Cette année, Beiersdorf, Danone, Kering, Lenzig, L’Oréal, Mayr-Melnhof Karton, Philip Morris, Klabin, Kao Corporation et Sekisui House obtiennent un “Triple A”, qui montre la conformité de leurs reportings environnementaux avec les critères minimaux du CDP sur les trois thématiques étudiées : changement climatique, forêts et eau.
2% des entreprises conformes aux plus hauts standards du CDP
Pour classer les entreprises, le CDP étudie les informations qu’elles rendent publiques sur ces trois thématiques, puis, note les entreprises de D- à A, en fonction de la qualité des données fournies. Les entreprises notées A sont ensuite regroupées dans une A-List, qui rassemble les entreprises les plus en avance, celles qui respectent un certain nombre de critères de transparence. Par exemple, pour faire partie de la A-List sur l’onglet climatique, les entreprises doivent, entre autres, “fournir une vérification à 100% de leurs émissions des scopes 1 et 2”, selon les lignes directrices du CDP. Sur les enjeux liés à l’eau, ou aux forêts, le CDP assure demander également un certain nombre d’informations : traçabilité, surveillance des impacts et prélèvements d’eau, rejets d’eau, etc.
Or à peine 400 entreprises sur 21 000 étudiées (soit environ 2%) sont conformes aux attentes du CDP sur au minimum l’une des trois dimensions (climat, eau, forêt), et seules 10 entreprises obtiennent donc la note maximale de A sur les trois dimensions en même temps. Dans ce classement, les entreprises européennes sont surreprésentées : environ 40% des entreprises de la A-List globale, et 60% des “Triple A” sont européennes. Une position de leader que l’on peut lier aux obligations réglementaires renforcées sur le continent en matière de reporting, avec notamment la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive).
En France, on trouve notamment Danone, Kering, L’Oréal, Accor, BNP Paribas ou encore Safran parmi les entreprises ayant au moins une notation A. Par rapport à l’année précédente, le nombre d’entreprises faisant partie de cette A-List est certes en hausse de 14%, mais comme le souligne le CDP dans son communiqué, la plupart des entreprises étudiées ne publient toujours pas les informations nécessaires pour suivre leurs progrès en matière environnementale. Peu sont celles qui se fixent des objectifs clairs et alignés avec les objectifs scientifiques, et suivent concrètement l’atteinte de ces objectifs.
Transparence environnementale : des lacunes à combler
Le CDP note ainsi les progrès “beaucoup trop lents” des entreprises en matière de transparence environnementale, et appelle ces dernières à “fournir des données complètes et de haute qualité, nécessaires pour accélérer le rythme des actions environnementales”. L’organisme précise également que son classement ne fait que noter la qualité des informations environnementales fournies par les entreprises, mais que les entreprises les mieux notées ne sont pas pour autant “durables”, et “ne sont en aucun cas au bout de leur parcours environnemental”. Une précision importante à l’heure où beaucoup d’entreprises, dont certaines sont justement controversées pour leurs politiques de gestion environnementale, communiquent sur leur intégration dans cette A-List.
Enfin, les données fournies par le CDP montrent le retard des entreprises dans la prise en compte de la diversité des enjeux environnementaux. Ainsi, si près de 23 000 entreprises fournissent des informations relatives au changement climatique (informations de plus en plus souvent obligatoires dans le cadre des reporting environnementaux), elles sont moins de 5 000 à le faire pour les enjeux liés à l’eau, et à peine 1 200 pour les impacts liés aux forêts. Preuve que le changement climatique continue d’absorber l’attention des entreprises alors qu’il est urgent de prendre en compte la crise environnementale de manière systémique.