Plus de 3 personnes sur 5 constatent des inégalités entre femmes et hommes répandues
Le chemin vers l’égalité est encore long. C’est la conclusion de la
quatrième édition du baromètre du Women’s Forum. Si des améliorations sont à noter en 2023,
“les réponses des personnes interrogées soulignent l’existence d’obstacles significatifs” résume l’organisation. Et pour cause : 66% des répondants considèrent que les inégalités de genre sont répandues dans le monde, un pourcentage en hausse de quatre points dans les pays du G7 par rapport à 2022.
Mais alors qu’en 2020 la réduction des inégalités était perçue comme une priorité pour 91% des personnes interrogées, ce chiffre tombe à seulement 77% en 2023. Une évolution inquiétante, en particulier lorsqu’on porte attention à la perception du sujet par les moins de 35 ans. D’après le rapport, les répondants les plus jeunes sont également ceux chez qui les stéréotypes de genre sont les plus forts.
“La jeune génération semble indifférente à la bataille cruciale de l’égalité des genres”, s’alarme
Anne-Gabrielle Heilbronner, présidente du Women’s Forum, dans Les Échos.
Deux femmes sur cinq ont cessé de travailler pendant une ou plusieurs années au cours de leur carrière
Arrêter de travailler à la naissance d’un enfant ou passer à temps partiel pour s’occuper d’un proche : ces situations, partagées par 41% des répondantes, sont elles-aussi source d’inégalités rappellent les auteurs du baromètre. Une tendance qui enregistre une hausse de cinq points en 2023 et concerne tout particulièrement les pays du G7. C’est d’ailleurs la principale raison invoquée par les femmes pour expliquer une interruption de carrière. En 2018, elles étaient 606 millions à devoir quitter leur emploi pour se consacrer au travail domestique non-rémunéré, contre seulement 41 millions d’hommes selon des données réunies par l’Organisation internationale du travail (OIT).
Ce déséquilibre se traduit également au travers du temps dédié aux tâches domestiques et de soin. Les femmes y accordent deux heures de plus par jour que les hommes. Selon l’OIT, “si les tendances actuelles se poursuivent, les inégalités en matière de travail non rémunéré [dans les pays étudiés] ne seront pas comblées avant 2228.”
31% des femmes affirment être moins bien payées que leurs homologues masculins
La question de la rémunération est au cœur des inégalités de genre au travail. Plus d’un tiers des femmes interrogées constatent, à compétences égales, toucher un salaire moins important que leurs collègues masculins. Une proportion à mettre en regard de l’écart salarial relevé dans les neuf pays étudiés, qui s’élève à 16,5% selon les auteurs du rapport. Ces derniers soulignent la prise en compte d’une multitude de “facteurs complexes”, comme le poids du travail domestique, le morcellement des carrières ou encore les discriminations à l’embauche, qui pèsent sur le parcours professionnel des femmes et creuse l’écart salarial au fil des années.
Pour assurer l’égalité entre femmes et hommes, le Women’s Forum appelle les États à instaurer
“des politiques de soutien au congé paternité, des ajustements du système fiscal et une plus grande transparence des rémunérations.” Des mesures qui trouvent peu à peu leur place. Dans l’Union Européenne,
une directive adoptée en avril oblige ainsi les sociétés de plus de cinquante salariés à publier les informations portant sur la rémunération de leurs employés, à poste égal.
Seules 10% des femmes occupent un poste au sein d’une direction générale
Les femmes sont encore et toujours sous-représentées au sein des postes et des secteurs économiques les mieux rémunérés. Seulement 25% d’entre elles sont représentées dans des conseils d’administration et 33% occupent des missions de management. Des proportions basses qui s’expliquent par un taux d’emploi inférieur à celui des hommes, un nombre d’heures de travail domestique plus élevé et une sur-représentation dans des filières moins rémunératrices, comme les services.
Pour briser le plafond de verre, plus des deux tiers des États de l’OCDE
“exigent ou recommandent la publication de la répartition par sexe des cadres supérieurs”, note les auteurs du baromètre. Mais encore peu de pays imposent la transparence concernant les membres du conseil d’administration des entreprises. En France,
une mesure adoptée en 2021 a permis la mise en place de quotas pour imposer davantage de femmes aux postes de direction des grandes entreprises. L’objectif, passer à 30% de femmes en 2027 chez les
“cadres dirigeants et membres des instances dirigeantes” et 40% en 2030.
Les offres d’emploi dans la tech sont vues 20% plus souvent par les hommes que par les femmes
Les femmes sont également sous-représentées dans le secteur de la tech et de l’intelligence artificielle (IA). Elles sont moins souvent orientées vers ces carrières et moins ciblées par les offres d’emploi correspondantes. Pourtant, ces disparités influent sur l’orientation des nouvelles technologies. Dans le cas de l’IA, l’absence de femmes contribue à la perpétuation de biais et de préjugés sexistes, qui ressortent des données utilisées pour le développement des algorithmes.
“La diversité dans le développement de l’IA est essentielle pour garantir que la technologie s’aligne sur les intérêts et les droits” des minorités et des femmes, affirment les auteurs du baromètre. Par ailleurs, l’intelligence artificielle est de plus en plus mobilisée dans le secteur du recrutement. Une tendance qui peut conduire à une persistance ou une augmentation des discriminations de genre. En 2015, Amazon avait déjà été épinglé pour avoir instauré
un algorithme de recrutement sexiste. Il avait alors été rapidement suspendu.