Comme Trump qui voulait rendre à nouveau l’Amérique grande, il a des ennemis symboliques : la Banque centrale qui remonte ses taux avec la montée de l’inflation qui dépasse les 140%, les aides sociales, les droits des femmes et la lutte contre le changement climatique qui n’est pas, selon lui, d’origine humaine et industrielle. Bref c’est un vrai président pour jeu vidéo dont il singe tous les codes dans ses clips de campagne, à l’image de celui où il détruit une maquette de la banque centrale argentine à coups de masse.
Quatre limites planétaires franchies
Il prend ses fonctions dans trois semaines et n’a ni majorité au Congrès ni d’élus locaux appartenant à sa coalition libertarienne ce qui pourrait freiner ses velléités de "dollariser" l’économie ou abroger le droit à l’avortement. La paralysie des institutions guette et pourrait encore aggraver la situation argentine d’autant plus que le nouveau président peut toujours diminuer drastiquement les aides sociales par décret puisqu’il estime que c’est l’État providence qui ruine le pays. Sur le plan des relations internationales, il ne veut pas parler aux "rouges" donc à la Chine et au Brésil qui sont pourtant les deux premiers partenaires commerciaux de l’Argentine. Concernant le Brésil, il avait même approuvé la tentative de coup d’État de janvier 2023.
La lutte contre le changement climatique devient inaudible.
La nécessaire sortie des énergies fossiles qui faisait consensus à la signature de l’Accord de Paris en 2015 ne devrait donc pas faire partie du programme de Javier Milei qui doit son plébiscite surprise au poids des réseaux dans les campagnes actuelles des pays démocratiques. Sergio Massa, son adversaire ancien ministre de l’économie d’un gouvernement qui a échoué à rétablir la situation avait bien essayé de miser sur les jeunes en mettant en valeur ses propres enfants comme dans ce tweet.
Hace 27 años que @MalenaGalmarini y yo decidimos empezar este proyecto de vida, nuestro mayor compromiso, nuestra mayor responsabilidad.
Mili y Toto, nuestros hijos, son los que le dan sentido a cada paso que damos, porque como cada papá y cada mamá, hacemos todo por los hijos y… pic.twitter.com/oVyB1WS2qx
— Sergio Massa (@SergioMassa) November 18, 2023
Si la victoire de Milei est suivie d’un retour au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis en 2024 ce qu’annoncent les sondages, le scénario catastrophe pour l’engagement d’une transition écologique mondiale prendrait corps. Cela tendrait à prouver que la démocratie est définitivement menacée quand les campagnes politiques se déroulent sur les réseaux sociaux à coups de vérités alternatives, d’ennemis désignés comme boucs émissaires et de promesses délirantes. Dans ce contexte le rationnel de la lutte contre le changement climatique devient inaudible.
Anne-Catherine Husson-Traore, directrice des publications de Novethic