Le gouvernement a donc décidé d’aller jusqu’au bout de sa démarche d’incitation à la sobriété dans la consommation en se posant les bonnes questions. Depuis mardi 21 novembre, l’Alliance du commerce, la fédération des petits commerçants était vent debout contre cette campagne intitulée "Épargnons les ressources" dont elle demandait le retrait, en particulier du spot concernant le textile.
Un "non besoin"
Pour les adversaires du projet, cette campagne va tuer définitivement la mode et les petits commerces surtout si l’on explique à un client qui hésite entre deux polos à -70 % qu’il vaut mieux prendre celui qui est à 100 % de réduction, celui qu’on porte déjà ! Ce conseil est donné par un nouveau type de professionnel inventé par la campagne, "le dévendeur". C’est le concept qui a généré le plus de réactions sur les réseaux sociaux. Il y a d’un côté les fans de l’idée comme Fabrice Bonnifet qui reflète l’enthousiasme général des comptes à tendance écolo.
Voilà une profession d’avenir : #devendeur
La prise en compte de l’urgence climatique ne passera pas par la mise en marché de produits résultants du techno-solutionnisme vert, mais par la génération du besoin du NON besoin !@ademehttps://t.co/bomtcwzlnV pic.twitter.com/DNe6ueAIQX
— Fabrice Bonnifet (@FBonnifet) November 23, 2023
En revanche côté distribution et commerce, les spots sont très loin de soulever l’enthousiasme à l’image de la réaction de Michel-Edouard Leclerc sur LinkedIn : "Balancer un appel à la déconsommation sans concertation avec les professionnels concernés, alors que tout le secteur textile français est à la ramasse, c’est dur ! Les enseignes ferment le rideau les unes après les autres, les boutiques textiles franchisées ou multi-spécialistes luttent pour maintenir leur place dans ce jeu… et là : bing ! …On nous refait un peu le coup du commerce essentiel et du commerce non-essentiel, avec – grosso modo – un message qui est de dire aux clients "finalement n’allez pas chez les commerçants de textile, gardez vos fringues".
Allier croissance et climat, la voix de Bercy
LSA, le magazine spécialisé est lui aussi préoccupé par le concept de "dévendeur" qui dévaloriserait toute une profession : "Les 3,4 millions de salariés du commerce ne comprennent pas pourquoi cette pub aux premières intentions louables ridiculise quelque peu 700 000 entreprises (95% de micro-entreprises, 5% de TPE-PME) et peut nuire à la bagatelle de 1486 milliards d’euros de chiffre d’affaires." Pascal Canfin, le président de la Commission Environnement du Parlement européen a bien tenté d’expliquer, vendredi matin sur France Inter, que la campagne de l’Ademe ciblait la surconsommation et donc les achats massifs dans les grandes enseignes digitales comme Shein qualifiée de pire industrie de la mode.
Anne-Catherine Husson-Traore, directrice des publications de Novethic