Publié le 4 janvier 2024
Ils font partie du quotidien et peuvent nuire à notre santé. L’Agence européenne des produits chimiques a révélé en fin d'année dernière la présence de substances chimiques dangereuses à des niveaux excessifs dans de nombreux produits de grande consommation. 18% des articles analysés sont concernés et devraient être retirés de la vente.
Poupées, tapis de yoga, bijoux… Ces objets ont certainement trouvé leur place dans la hotte du Père Noël à l’occasion des fêtes de fin d’année. Attention tout de même à leur composition nous avertit l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA). Dans un rapport publié le 13 décembre dernier, elle signale des niveaux excessifs de substances chimiques dangereuses dans de nombreux produits de grande consommation. Menés en 2022 par les autorités nationales, les contrôles ont porté sur plus de 2 400 articles vendus dans 26 États de l’Union européenne, dont la France. 


Résultat, 18% de ces objets, soit près d’un sur cinq, seraient en infraction avec la réglementation européenne et devraient être interdits à la vente. Parmi l’ensemble des produits inspectés, les appareils électroniques sont les premiers concernés : 52% ont ainsi été désignés comme non-conformes. Ces derniers contiendraient du plomb et des phtalates considérés comme des perturbateurs endocriniens, en quantité trop importante, au niveau des soudures et des composants plastiques. 


Perturbateurs endocriniens et substances cancérogènes


L’ECHA pointe notamment du doigt les chargeurs, câbles et écouteurs, mais aussi les sèche-cheveux, les ventilateurs ou encore les jouets. Électriques ou non, cette dernière catégorie a d’ailleurs fait l’objet de contrôles spécifiques. Jeux de bain, de bricolage ou d’extérieur, poupées, déguisements, slime (pâte gluante visqueuse), articles de puériculture… Sur les 471 articles destinés aux enfants inspectés, 23% présentaient des éléments chimiques dangereux pour la santé. 


La présence de phtalates, d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et de nickel – ces deux dernières substances étant potentiellement cancérogènes – ont ainsi été décelés. "Les taux de non-conformité varient de 16% pour les jouets non électriques à 56% pour les jouets électriques", soulignent les auteurs du rapport. Suivent ensuite les équipements sportifs, comme les tapis de yoga, les gants de vélo ou les ballons, dont la non-conformité atteint 18%. Là aussi, des taux trop élevés de phtalates, mais aussi de paraffines chlorées (PCC) et de HAP, par exemple dans les pièces en caoutchouc, sont mis en cause. 


Enfin, les articles textiles et les accessoires de mode ne sont pas non plus sans danger, estime l’ECHA. 15% des 895 produits analysés contenaient des phtalates, des PCC, du plomb ou encore du cadmium, un métal considéré comme cancérogène certain pour l’Homme. À noter que les sacs et les bijoux représentent à eux-seuls plus de 70% des articles en infraction avec la législation dans cette catégorie. 


Une majorité de produits importée de Chine


Face à la non-conformités de ces produits, les entreprises ont procédé à leur retrait, volontairement ou via des mesures contraignantes imposées par les autorités, comme des interdictions ou des campagnes de rappel. Pour plus de la moitié d’entre elles, cependant, aucune sanction n’a été appliquée, souligne l’agence européenne. Seules 18% ont ainsi été soumises à des amendes et 13% à des procédures judiciaires. 


Les auteurs du rapport dévoilent par ailleurs que les articles dépassant les niveaux de substances chimiques autorisés proviennent en grande partie de Chine, ou ne disposent pas d’informations claires sur leur origine. Pour protéger les consommateurs, et alors que les géants de l’e-commerce chinois rencontrent un succès grandissant en Europe, l’ECHA recommande une meilleure évaluation des risques et un renforcement des contrôles.
Florine Morestin
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