C’est une étude inédite que révèle le Réseau Action Climat. La fédération d’associations s’est interrogée sur la "juste part" de la France dans la lutte contre le changement climatique. Il s’agit de prendre en compte sa responsabilité historique dans les émissions de gaz à effet de serre mais aussi sa capacité d’action en fonction de sa richesse nationale. Or, la France est le 8e pays au monde ayant le plus contribué au changement climatique depuis 1850 et c’est le 5e État le plus riche. De ce fait, pour faire sa "juste part", la France devrait réaliser 2,6 % de l’effort mondial de réduction des émissions en 2030 et revoir totalement sa contribution climatique actuelle.
Alors que l’Hexagone prévoit de réduire ses émissions de 40 % d’ici 2030, les calculs du RAC, qui s’appuie sur la méthodologie du Climate Equity Reference Project, montrent qu’en réalité, la France devrait afficher un objectif de -168 % à l’horizon 2030 ! Cela représente environ 850 millions de tonnes de CO2. Cela semble impossible à réaliser sur le seul plan domestique puisque la France devrait émettre entre 310 et 470 millions de tonnes en 2030. Le rapport propose donc que le pays se fixe un objectif plus réaliste de -65 % d’ici à 2030 (et plus ambitieux que celui de l’UE qui est de -55%) et qu’elle soutienne l’action climatique dans les pays du Sud à hauteur de 400 milliards d’euros d’ici 2030 pour combler l’écart.
"Dette climatique"
"La part juste est en réalité une dette climatique. La lutte contre les changements climatiques doit se faire aussi bien sur le plan domestique que sur le plan international et la France, en tant que pays riche historiquement responsable des émissions de gaz à effet de serre doit jouer un rôle beaucoup plus important, et doit montrer l’exemple en plaçant l’équité au cœur de sa politique" explique Aurore Mathieu, Responsable des politiques internationales au Réseau Action Climat.
Le RAC propose d’allouer au moins 8 milliards d’euros par an d’ici à 2025 aux pays les plus vulnérables, dont la moitié pour financer des projets d’adaptation, trop souvent négligés. Il demande aussi qu’au moins 35% de ces financements soient versés sous forme de dons d’ici à 2025. "Actuellement, la France utilise majoritairement des prêts pour financer l’action climatique dans les pays du Sud, mais cet outil est générateur de dettes, alors que beaucoup de pays se retrouvent dans une situation de surendettement, aggravée par la crise du Covid" souligne le RAC.
Enfin, un financement additionnel pour les pertes et dommages, c’est-à-dire les conséquences irréversibles du changement climatique, doit être débloqué afin d’atteindre 36,7 milliards d’ici à 2030. La France s’est pour l’instant engagée à consacrer 6 milliards d’euros par an à l’action climatique d’ici à 2025, dont un tiers spécifiquement consacré aux projets d’adaptation au changement climatique. Et elle n’a actuellement aucun financement additionnel spécifique pour les pertes et dommages.
Concepcion Alvarez @conce1