Le 1er janvier 2020, les plastiques à usage unique seront interdits. Même si le secteur se porte bien avec une croissance de 4 % en 2018, les industriels rivalisent donc d’imagination pour trouver une alternative au plastique tant décrié, qui se retrouve au fond de l’océan, dans l’estomac de nos baleines ou même dans nos assiettes. Mais ces solutions sont parfois pires que le remède. Selon une étude de Trucost, certes co-financée par l’American Chemistry Council, remplacer le plastique par d’autres matériaux dans les produits de grande consommation aurait un coût environnemental 3,8 fois supérieur à celui du plastique.
Des emballages en papier ou carton toxiques
Une toute nouvelle étude du Bureau européen des consommateurs (Beuc) démontre que les emballages carton et papier, les plus utilisés après le plastique, contiennent des substances toxiques, notamment dans les encres, qui se retrouvent parfois directement dans notre nourriture. Celles-ci sont susceptibles de provoquer cancers et dérèglements hormonaux. Or, le carton pourrait rapidement se substituer au plastique pour 1,5 million de tonnes d’emballages à l’échelle européenne, soit près de 19 % du gisement, d’après une étude du papetier britannique DS Smith, relayée par Environnement Magazine.
Le bisphénol S plus dangereux que le BPA
Le bisphénol S (BPS), qui a remplacé le bisphénol A, interdit en France dans les biberons en 2011 puis dans les contenants alimentaires en 2015, serait aussi dangereux. Selon une étude publiée en juillet dans la revue Environmental Health Perspectives, la quantité de BPS ingérée qui accède à la circulation sanguine est environ 100 fois supérieure à celle du BPA. Elle est de 57 % pour le BPS et 0,5 % pour le BPA. De plus, son élimination est 3,5 fois inférieure à celle du BPA. Le bisphénol S est aujourd’hui présent dans de nombreux matériaux plastique, les revêtements intérieurs de boîtes de conserve et canettes, les étiquettes alimentaires, ou encore les tickets de caisse et de parking.
Les bioplastiques n’ont pas un impact neutre
Cette nouvelle génération de plastique, baptisée "bioplastiques", désigne à la fois des plastiques biosourcés (fabriqués à partir de composants naturels), et des matières plastiques biodégradables (pouvant être détruites par des micro-organismes au contact de l’air ou de l’eau). Mais ce n’est pas parce que c’est "bio" que c’est mieux. D’une part, si on a eu recours à de la monoculture à grande échelle, plutôt qu’à des résidus végétaux, pour produire les plastiques biosourcés, les impacts environnementaux sont particulièrement importants. D’autre part, il n’existe pas encore de filière industrielle pour gérer les plastiques biodégradables.
Le tote bag ne gagne pas toujours face au sac plastique
Depuis 2016, la France a interdit l’utilisation des sacs plastiques à usage unique et non recyclable dans les commerces, remplacés très souvent par des sacs en tissu, les tote bag. Mais pour que ceux-ci aient un impact positif sur l’environnement, il faudrait les utiliser des centaines de fois voire des dizaines de milliers de fois, selon différentes études qui ont pris en compte l’ensemble du cycle de vie du produit. En cause notamment, la culture du coton qui requiert beaucoup d’eau et de pesticides.
Le plastique recyclé n’est pas la panacée
La France s’est fixé l’objectif de 100 % de plastique recyclé en 2025. Or recycler consomme aussi de l’énergie, de la matière et coûte cher. De plus, bien recycler n’est pas aisé. En octobre dernier, des associations ont retrouvé des retardateurs de flamme bromés, utilisés dans les appareils électriques et électroniques, considérés comme des perturbateurs endocriniens, dans des jouets pour enfants, des ustensiles de cuisine et des accessoires pour les cheveux incorporant des plastiques recyclés.
Concepcion Alvarez @conce1