Publié le 22 juillet 2019
Le numéro un français de la grande distribution est accusé de pratiques commerciales abusives destinées à faire baisser les tarifs de ses fournisseurs. Bercy réclame 117,3 millions d'euros à E.Leclerc après l'avoir plusieurs fois rappelé à l'ordre. Le distributeur lui, dément ses pratiques et, fidèle à son argumentaire, dit défendre le pouvoir d'achat des consommateurs. 

E.Leclerc rappelé à l’ordre. Le ministère réclame une amende 117,3 millions d’euros au distributeur. Principale entité visée par cette décision, la centrale belge d’achat de Leclerc, Eurelec, que Bercy accuse de "pratiques commerciales abusives (…) pour contourner la loi française et imposer des baisses de tarifs très importantes, sans aucune contrepartie, à certains de ses fournisseurs".
C’est la seconde fois en à peine plus d’un an que le ministère vise Leclerc, numéro un français de la grande distribution, et à chacune de ces actions, qui portent à plus de 200 millions d’euros les montants réclamés au groupe, ce sont les centrales d’achat qui sont en cause.
Leclerc défend le pouvoir d’achat
De son côté, Leclerc a dénoncé une volonté politique du gouvernement, promettant de faire valoir ses droits et rappelant que les négociations visées concernaient de grands groupes multinationaux et non des petites et moyennes entreprises (PME). "Derrière ces attaques permanentes dont sont témoins les consommateurs depuis deux ans, il s’agit clairement de mettre la pression sur E.Leclerc", a déclaré Olivier Huet, président du Galec, dans un communiqué transmis à l’AFP. Leclerc centre son discours sur la défense du pouvoir d’achat du consommateur mais est fréquemment accusé par ses fournisseurs comme ses concurrents d’imposer des prix agressivement bas.
"Ces dernières années, nous avons assigné sept fois Leclerc" pour des pratiques commerciales jugées illégales. C’est "un sujet de récidive, a martelé la secrétaire d’Etat à l’économie Agnès Pannier-Runacher, en défendant le sérieux de l’enquête menée par les services de Bercy. Leclerc est donc bien loin de respecter l’esprit de la loi alimentation qui a abouti l’an dernier à une volonté de "garantir l’équilibre des relations commerciales". Le but étant de mieux rémunérer les agriculteurs. 
Une pression qui pèse sur les agriculteurs
"Aujourd’hui, en France, on fait face à de grandes difficultés dans la filière agroalimentaire : on produit moins, on perd des parts de marché" et "on a des agriculteurs qui sont en grandes difficultés pour à peu près un tiers(…) c’est très sérieux", a défendu Agnès Pannier-Runacher. Le groupe avait d’ailleurs affiché une attitude moins conciliante que ses principaux concurrents lors des États généraux de l’alimentation qui ont abouti à la loi susnommée.
La secrétaire d’État a fait valoir que d’autres distributeurs étaient également passés au crible quant à leur pratique. Quant au montant exceptionnel de l’amende, la ministre s’est justifiée : "Si l’amende est indolore, ce qui a souvent été le cas par le passé, pas seulement pour Leclerc d’ailleurs, alors il ne se passe rien. Cela pousse les distributeurs à perpétuer ces pratiques qui sont totalement illégales". 
La rédaction avec AFP

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