Publié le 4 janvier 2018
[Mise à jour le 4 janvier 2017] L'affaire du lait contaminé aux salmonelles prend une nouvelle ampleur. Le Canard Enchaîné a révélé le 3 janvier que les autorités sanitaires avaient contrôlé le site Lactalis de Craon en septembre sans détecter aucune trace de salmonelle. Or, le groupe laitier, qui a mené deux enquêtes en interne, a bien découvert la bactérie en août, soit un mois avant le passage des contrôleurs. Pour le ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert, "il n'y a pas eu de défaillance de l'État".

"Comment les contrôleurs s’y sont-ils pris pour ne détecter en septembre aucune salmonelle, alors que l’on sait aujourd’hui, après enquête, que l’usine était infectée ?". Voilà l’épineuse question soulevée par un expert en sécurité sanitaire des aliments interrogé par le Canard Enchaîné le 3 janvier.
"Les contrôles n’ont pas eu lieu à l’endroit où est produit le lait infantile"
Selon le journal, la DDCSPP, la direction département de la cohésion sociale et de la protection des populations, n’aurait trouvé aucune trace de salmonelles lors d’un contrôle de routine en septembre dans l’usine Lactalis de Craon en Mayenne. Problème : le groupe laitier a reconnu avoir découvert des traces de salmonelles un mois plus tôt dans son usine.
"Les contrôles qui avaient été mis en place en septembre, (…) ont été faits sur un site qui ne correspond pas à l’endroit où est produit le lait infantile", s‘est justifié au micro de FranceInfo le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Stéphane Travert, "l’usine de Craon c’est un site très important dans lequel il y a plusieurs usines"
Deux enquêtes internes menées par Lactalis en août et en novembre ont révélé la présence de la bactérie sur du matériel de nettoyage ainsi que sur du carrelage mais pas sur le site de production. Or, le ministère avait accès à ces audits, a confirmé le ministre, "mais ils n’ont pas été réalisés sur le site de transformation du lait infantile, ils ont été mis en place sur un atelier qui fabrique tout autre chose. Nous ne pouvions pas savoir".
L’alerte n’a été lancée que 4 mois après la découverte
Entre les autorités sanitaires et Lactalis,"qui couvre qui ?", s’interroge donc Quentin Guillemain, président de l’association des familles de victimes du lait contaminé aux salmonelles. Il demande de la transparence, notamment sur le délai d’alerte. Car Lactalis avait connaissance de la contamination depuis le mois d’août. Or, l’alerte n’a été donnée que le 2 décembre, soit 4 mois plus tard, lorsque plusieurs nouveau-nés ont contracté la salmonellose. 
À l’époque les autorités laissent le groupe gérer la crise et tardent à prévenir leurs voisins des contaminations possibles. Le gouvernement laisse Lactalis procéder à des centaines de rappels et de retraits de produits potentiellement contaminés. Des mesures largement insuffisantes au vu de l’ampleur de l’affaire. "Les mesures prises par l’entreprise n’étaient pas de nature à maîtriser le risque de contamination de produits destinés à l’alimentation d’enfants en bas âge", estimera plus tard Bercy dans un communiqué.
Il faudra finalement attendre le 21 décembre pour que Lactalis retire tous les produits infantiles et nutritionnels fabriqués ou conditionnés dans l’usine de Craon depuis le 15 février 2017.
L’usine continue-t-elle de produire des aliments ?
Depuis, une enquête est ouverte par le parquet de Paris, notamment pour "blessures involontaires" et "mise en danger de la vie d’autrui". Mais selon le Canard enchaîné, des pièces majeurs manquent au dossier : les enquêteurs n’ont pas pu mettre la main sur le rapport de septembre de la DDCSPP. Celui-ci serait "introuvable".
Dernière polémique soulevée par Quentin Guillemain : la fermeture de l’usine. Selon le président de l’association des victimes, le site de Craon n’a été fermé que partiellement depuis le lancement de l’alerte et continue de produire des céréales pour petit-déjeuner. Une information contredite par une porte-parole de Lactalis : "Tout ce qui est fabriqué dans l’usine de Craon est arrêté depuis le 8 décembre", a-t-elle affirmé à l’AFP. 
Marina Fabre@fabre_marina

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