Le glyphosate est une molécule utilisée dans des herbicides, et notamment le Roundup de Monsanto (aujourd’hui Bayer). Sa combinaison avec d’autres substances chimiques accroît son efficacité. Fonctionnant par pulvérisation, le glyphosate tue l’ensemble des plantes, qui l’absorbent jusqu’aux racines. Devenue inactive une fois au sol, la molécule permet de semer ou de replanter rapidement. Son utilisation répandue est due à deux causes principales : son prix peu élevé au regard de son efficacité et son utilisation une seule fois par an. Obtenir des résultats comparables nécessiterait pour l’essentiel d’utiliser davantage d’autres produits, de temps et de main d’œuvre.
La question des impacts du glyphosate sur la santé est au cœur de nombreux débats et d’études contradictoires. La molécule, et plus précisément l’herbicide Roundup, sont accusés d’entraîner des troubles parfois graves et le glyphosate est considéré comme « cancérogène probable » chez l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Les agriculteurs, les jardiniers et les travailleurs des chaînes de production seraient les premiers exposés. En 2015, la revue scientifique The Lancet a souligné que le glyphosate pourrait également être à l’origine du cancer lymphatique (du sang) et avoir des effet délétères sur les organes chargés de détoxifier l’organisme, tels les reins et le foie. En 2016 toutefois, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que ce caractère cancérogène du glyphosate était improbable. La Mutualité sociale agricole (MSA) a pour sa part mis en lumière la maladie de Parkinson et le cancer lymphatique comme les deux maladies professionnelles découlant de l’utilisation de pesticides, mais sans incriminer le glyphosate seul. D’autres études ont tenté d’écarter les dangers du glyphosate, mais la révélation des « Monsanto Papers » a durement impacté la crédibilité et l’indépendance de certaines d’entre elles. Au-delà de la santé humaine, une étude menée en 2018 par l’université du Texas a conclu qu’à l’instar des néonicotinoïdes, le glyphosate serait aussi responsable d’une hausse de la mortalité au sein des colonies d’abeilles.
La question de l’interdiction du glyphosate divise. Les agriculteurs, ainsi que leur principal syndicat, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), considèrent que le risque sanitaire n’est pas réellement avéré et permet par ailleurs d’améliorer leur rendement. Au niveau politique, la Commission européenne a renouvelé l’autorisation d’utiliser la molécule pour cinq ans, et l’Assemblée nationale française a refusé, en mai 2018, d’inscrire l’interdiction du glyphosate dans la loi. Néanmoins, le procès gagné contre Monsanto aux États-Unis par le jardinier Dewayne Johnson ainsi qu’en France, l’attaque d’une famille contre Monsanto après que leur fils Théo soit né avec de graves malformations maintiennent les questionnements et les appels à la prudence sur le glyphosate. Ceci, plus particulièrement au regard de la présence potentielle de glyphosate dans la chaîne alimentaire et de la place de chef de file qu’occupe la France dans l’agriculture européenne.