Publié le 6 août 2024

Les Jeux Olympiques forment une bulle cognitive pour ceux qui y participent ou se contentent d’admirer les athlètes. Un monde parallèle très largement dominé par les Etats-Unis et la Chine qui se sont installés en tête du palmarès des médailles par pays. En revanche, côté économie et finance, les deux géants battent de l’aile, suffisamment pour perturber sérieusement les indices boursiers, à la dérive lundi 5 août.

Lundi noir sur les bourses asiatiques comme à Wall Street. Le Nasdaq en particulier accuse le coup. L’indice des valeurs technologiques a reculé de 15,8% depuis son sommet de juillet. Nvidia, la valeur reine de la bulle tech formée autour de l’intelligence artificielle, a perdu sur la même période près de 35% de sa valeur. En juin, elle valait plus de 3 000 milliards de dollars, elle vaut aujourd’hui moins de 2 500 milliards de dollars.

Les “sept magnifiques”, surnom donné aux géants de la tech américaine, ont créé une bulle financière avec une rapidité exceptionnelle, dépassant en quelques mois celle formée autour du démarrage d’Internet au début des années 2000. La bulle de l’IA est en train d’éclater mais jusqu‘où cette décélération peut-elle annoncer un krach d’une ampleur sans précédent ?

Bourses surperformantes et crises géopolitiques

Celui-ci est redouté depuis plusieurs mois. Dans une tribune publiée par Capital en mars dernier, l’économiste Marc Touati évoquait ce risque lorsque les bourses surperforment alors que les crises géopolitiques et économiques s’amoncellent. Cette mécanique de décorrélation manifeste a précédé des effondrements spectaculaires comme les crises de 1929 et 2009. Marc Touati soulignait ainsi que Nvidia avait progressé en bourse de 15 752% entre 2015 et 2024 et que le Nasdaq avait augmenté de 1 169 % en moins de 15 ans.

Il s’inquiétait de cette explosion alors que “les risques économiques, financiers et géopolitiques se sont accumulés”, constatant malgré tout que “les marchés sont asphyxiés par un afflux de liquidités qui ont fini par gommer les crises bien réelles de l’inflation ou de la guerre en Ukraine, voire même celle que mène Israël à Gaza.”

Cinq mois plus tard, toutes ces crises se sont aggravées mais ce sont officiellement les chiffres de l’économie américaine publiés vendredi qui ont mis le feu aux poudres. Un taux de chômage plus élevé que prévu, des investissements industriels en recul tout comme la consommation, ont brusquement été considérés comme annonciateurs d’une récession mondiale. Ces mêmes signaux avaient été jusque-là ignoré par les marchés financiers obsédés par une seule variable, l’éventuelle baisse de taux que ferait la Banque centrale américaine pour ramener le calme.

Krash boursier du siècle

Le 5 août pourrait être un rappel à la réalité économique qui finira par s’imposer ! Déjà les profits des compagnies pétrolières ont retrouvé des niveaux plus normaux que les deux dernières années et le prix du baril est redescendu autour de 65 euros, le cours du cuivre lui a perdu 20% depuis le début du mois de mai.  Ces contre-performances indiquent que quand les mouvements boursiers sont liés aux seuls indicateurs de performances de court terme, fussent-elles spectaculaires, l’économie réelle finit toujours par en pâtir.

Une métaphore applicable aux exploits accomplis dans le cadre des JO par les athlètes américains comme chinois. Le coureur Noah Lyles a remporté la médaille d’or du 100 mètres dans une course où tous les participants étaient en dessous de 10 secondes. La gymnaste Simone Biles a obtenu trois médailles d’or et le nageur chinois Pan Zhanle a battu le record du monde du 100m en remportant la première médaille d’or de son pays dans cette discipline. Autant d’exploits qui créent de l’euphorie dans leurs pays respectifs tout comme pour les millions de spectateurs des JO. En revanche ils n’apportent pas de bénéfices économiques mesurables. Si l’été des JO devient celui du krach boursier du siècle, l’euphorie pourrait très vite retomber.

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes