Depuis fin 2022, la presse financière fait ses choux gras des déboires de Trafigura, piégé par un trader indien dans une fraude aux livraisons de nickel. Pas de quoi assombrir les perspectives d’un groupe peu connu du grand public, après des bénéfices exceptionnels réalisés ces dernières années à la faveur des turbulences des marchés de matières premières. L’épisode interpelle néanmoins, pour une entreprise pourtant habituée à naviguer des juridictions et des clients sensibles.
Trafigura est né dans les années 90 à l’initiative de traders formés par Marc Rich, un homme d’affaires controversé dont les héritiers ont aussi fondé Glencore. L’entreprise est active dans le négoce de produits pétroliers où elle échangerait, selon le Financial Times, environ 6,4 millions de barils par jour (soit plus de 6% de la consommation mondiale). Elle s’illustre également dans le commerce de certains minerais (fer, charbon) et métaux (nickel, cuivre, zinc, plomb et cobalt).
Comme d’autres grands négociants, Trafigura a engrangé des bénéfices importants grâce à sa capacité à réaliser des arbitrages face aux turbulences des marchés des matières premières depuis 2020. Sur les six premiers mois de son année financière 2023 (septembre 2022 à mars 2023), les profits nets ont doublé, atteignant 5,5 milliards de dollars. Plus de la moitié est reversée directement aux actionnaires, dont la majorité