Ommic, dont la production essentielle était à Limeil-Brevannes, dans le Val-de-Marne, y produisait des circuits intégrés III-V à base d’arséniure et de nitrure de gallium pour l’industrie des télécoms et le domaine spatial. Ces composants, indispensables pour la 5G, servent à équiper les réseaux de nouvelle génération. Une technologie précieuse que la France mettait en avant pour valoriser ses capacités de pointe sur les technologies du futur.
En 2016, l’entreprise annonçait avoir levé 12 millions d’euros auprès de la BNP, la Banque Populaire et de Financière Victoire avec le soutien de BPI France, et ouvrait un an plus tard la seule usine européenne de puces en nitrure de gallium de 150 millimètres. Mais, en 2018, le Chinois Zhang Ruoadan rachète 94% des parts par l’intermédiaire d’un fonds d’investissement créé en France et en devient président. Il prend progressivement le contrôle total de l’entreprise avec la complicité du dirigeant français.
Soupçons de livraison de secrets industriels
Le Parisien a révélé le 24 juillet sa mise en examen ainsi que celle du Directeur général français, Marc Rocchi et de deux autres cadres, l’une chinoise, l’autre français en mars dernier pour “livraison à une puissance étrangère de procédés, documents ou fichiers de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation“. Placés sous contrôle judiciaire, ils encourent 15 ans de prison et 225 000 euros d’amende.
Selon le quotidien, Marc Rocchi est soupçonné d’avoir “mis en place de nombreux stratagèmes de contournement pour livrer sciemment des puces puissantes et des informations sur des technologies sensibles à la Chine et la Russie“. Cela concerne en particulier l’utilisation du nitrure de gallium qui démultiplie la puissance des semi-conducteurs. Les enquêteurs auraient aussi mis à jour un montage complexe destiné à “transférer du matériel prohibé vers Moscou et contourner l’embargo commercial qui vise le pays depuis l’invasion de la Crimée, en passant par la Chine“.
La pépite française de la 5G est officiellement fermée définitivement et ses parts sociales auraient été saisies pour que l’État français puisse reprendre la main. En février 2023, Ommic avait été vendue au spécialiste américain des semi-conducteurs Macom Technology Solutions pour 38,5 millions d’euros. La France a donc perdu de vue son fleuron technologique et les secrets industriels qu’elle détenait. ■