Reporting ESG : les entreprises cotées chinoises se préparent à divulguer leurs données de durabilité

C’est au tour de la Chine de mettre en place un reporting obligatoire sur les informations de durabilité des entreprises. Les principales places boursières du pays ont annoncé le 8 février qu’elles allaient mettre en place des lignes directrices pour les entreprises cotées sur la divulgation de données ESG. Les bourses de Shanghai, de Shenzen et de Pékin ont publié sur leur site les nouvelles lignes directrices que les sociétés cotées devront suivre. La Chine rejoint ainsi le club de moins en moins fermé des pays imposant un reporting ESG, après la directive CSRD en Europe, les Sustainability disclosure requirements (SDR) au Royaume-Uni ou encore les futures obligations de reporting de durabilité de la Securities and exchange américaine.

“Avec plus de 5000 entreprises cotées, les marchés financiers chinois auront un impact sur le reporting de durabilité avec cette proposition d’adopter la double matérialité“, se félicite dans un billet LinkedIn ainsi Ann-Marie Sidhu, directrice chez ESG Right, une société malaysienne de conseil en reporting ESG. “Les nouvelles lignes directrices du reporting de durabilité incluent une nouvelle obligation pour des centaines de grands émetteurs de commencer des divulgations obligatoires sur plusieurs sujets ESG en 2026“, ajoute-t-elle.

Reporting de double matérialité

Le projet des trois bourses chinoises fait référence aux autres standards internationaux de reporting, sans toutefois les mentionner. Mais en inscrivant le principe de double matérialité dans son référentiel, il semble se rapprocher de la directive européenne. Les entreprises chinoises devront en effet reporter à la fois sur le risque financier lié aux sujets ESG, mais aussi sur leur impact sur l’environnement et la société. Les places financières annoncent ainsi qu’elles veulent contribuer au “développement durable de l’économie, de la société et de l’environnement“.

Les sociétés cotées chinoises devront donc désormais collecter leurs données sur plusieurs sujets ESG, tels que les émissions de gaz à effet de serre, la protection de la biodiversité et des écosystèmes, l’économie circulaire, la consommation d’énergie, etc. Les entreprises devront notamment fournir des informations sur les émissions de gaz à effet de serre de leur chaîne d’approvisionnement sur les scopes 1, 2 et 3. Des sujets spécifiques à la Chine, répondant à la stratégie du gouvernement, sont par ailleurs ajoutés, c’est le cas du thème de la revitalisation rurale ou encore du traitement des PME.

Entre obligation et volontariat

Le reporting ESG ne concernera que les plus grandes sociétés cotées chinoises, les places boursières citant celles présentes dans les grands indices locaux comme le Shenzen 100 ou le SSE 180. Cela devrait concerner plusieurs centaines d’entreprises. Les sociétés de taille moyenne et intermédiaire ne seront pas concernées, mais elles pourront néanmoins se livrer à l’exercice sur la base du volontariat. C’est notamment ce qu’indique la bourse de Pékin, où sont principalement listées des “small et mid-caps”.

Le texte des lignes directrices est pour le moment à l’état de projet, les places financières l’ayant soumis à la consultation des entreprises et des parties prenantes jusqu’à la fin du mois de février. Il devrait ensuite s’appliquer progressivement, le temps que les entreprises s’approprient les données à divulguer. Elles pourront ainsi dans un premier temps communiquer des données qualitatives plutôt que des données chiffrées, tant qu’elles n’auront pas réussi à les compiler. Les premiers rapports sont attendus avant la fin du mois d’avril 2026, sur les données de l’année 2025.