Les grands “corporates” ont émis à ce jour plus de 1000 milliards de dollars d’obligations vertes. Et le marché continue de s’élargir, stimulé par la taxonomie européenne, comme l’illustrent les récentes émissions destinées à financer des projets dans le nucléaire. Au risque de perdre son âme ?
Le seuil est symbolique : la barre des 1000 milliards de dollars d’obligations vertes émises par des entreprises non financières depuis le lancement de ces instruments il y a une quinzaine d’années vient d’être franchie. Leurs émissions cumulées de ces instruments de dette explicitement fléchés vers le financement des projets environnementaux atteignent ainsi 1020 milliards de dollars, selon les données de la Climate Bond Initiative. Alors que le marché des green bonds a historiquement émergé autour du financement des acteurs publics (banques de développement, Etats, etc.), les "corporate" ont su se faire une place au fil des années et représentent désormais environ 30% du total.
Un cap atteint alors que la conjoncture était moins porteuse depuis deux ans pour l’ensemble des marchés obligataires du fait de la hausse des taux. Après un pic à 240 milliards de dollars en 2021, le volume d’émissions de green bonds s’était contracté à 184 milliard en 2022 avant de se reprendre en partie en 2023, avec 216 milliards placés sur les marchés, selon la Climate Bond Initiative. La situation devrait continuer de s’éclaircir. "Même si d’importantes incertitudes macroéconomiques demeurent en 2024, les taux devraient se stabiliser et même baisser un peu : c’est un facteur positif pour le marché obligataire en général et des obligations durables en particulier", analyse Nathalie Beauvir-Rodes, responsable de la recherche et de l’analyse