Alors qu’une nouvelle canicule s’installe dans le pays à partir de ce vendredi 27 juin, la Fondation pour le logement alerte, cette année encore dans une nouvelle étude, sur le risque posé par les logements bouilloires qui touchent de plus en plus de Français. En 2024, 42% des Français ont déclaré avoir souffert de la chaleur dans leur logement et 3 700 décès dus à la chaleur ont été répertoriés. Entre 2017 et 2024, le bilan s’élève à 34 000 morts liées à la chaleur.
“Cela souligne que le problème est structurel et est amené à s’aggraver fortement avec la récurrence des étés caniculaires”, commente Christophe Robert, délégué général de la Fondation pour le Logement. Les habitants des quartiers populaires, les jeunes, les personnes âgées et les plus précaires sont les plus exposés.
Un impensé
Le confort d’été reste pourtant encore un impensé, selon l’organisation. Alors qu’installer des protections solaires extérieures est le geste le plus simple et efficace pour empêcher la surchauffe, 40% des logements n’en sont pas pleinement équipés. Et même dans le cas de constructions neuves ou de rénovations globales, seulement 10% des logements dont le DPE est classé A (la meilleure note) ont un confort d’été jugé bon.
Des efforts ont toutefois été réalisés depuis la publication de la première étude de la Fondation sur la précarité énergétique d’été en 2023. L’Agence nationale de l’habitat (Anah), gestionnaire des aides publiques à la rénovation thermique, a intégré la possibilité pour les propriétaires de se voir financer l’installation d’un brasseur d’air ou de protections solaires dans le cadre d’une rénovation globale. L’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE) rattaché à l’Ademe a également lancé un groupe de travail “Excès de chaleur”.
Enfin, le troisième Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) gouvernemental publiée en mars dernier aborde la question de l’adaptation des logements aux fortes chaleurs et la protection des personnes vulnérables, mais sans portée réglementaire. “Il ne fixe pas de nouvelles règles ni n’affecte le budget nécessaire“, pointe la Fondation pour le logement. “Comment passer de 40 rénovations globales incluant le confort d’été en 2024 à l’ensemble d’entre elles en 2030 (environ 200 000), sans hausse de budget ?”, interroge-t-elle.
Dépôt d’une proposition de loi
C’est pourquoi la fondation souhaite aller un cran plus loin. Elle a travaillé avec des parlementaires de tous bords sur une proposition de loi transpartisane visant à adapter les logements aux fortes chaleurs et à protéger leurs occupants. Elle sera déposée à l’Assemblée nationale cet été. Le texte prévoit notamment d’interdire des coupures d’électricité tout au long de l’année pour que personne ne se retrouve dans l’impossibilité d’utiliser un ventilateur par exemple, mais aussi d’afficher systématiquement la note “confort d’été” du DPE du logement sur les annonces immobilières, de définir un calendrier de rénovation des logements bouilloires à la location à partir de 2030, ou encore d’assurer que les rénovations globales des logements traitent systématiquement le confort d’été.
La Fondation pour le Logement a par ailleurs estimé qu’une hausse annuelle d’un milliard d’euros des aides publiques dédiées aux simples gestes de confort d’été permettrait d’équiper tous les logements de brasseurs d’air et de protections solaires d’ici 2040. “Un objectif à la fois ambitieux et nécessaire pour une adaptation sobre des logements aux canicules”, pointe la Fondation pour le logement, qui rappelle que massifier la climatisation n’est pas la solution. C’est pourtant aujourd’hui un réflexe pour de nombreux Français excédés par la chaleur. Le nombre de climatiseurs mobiles a augmenté de 80% entre 2013 et 2020 en France.