L’Accord de Paris de 2015 a assurément marqué les esprits et constitué un tournant dans la prise de conscience autour du changement climatique. Mais dans les faits, les émissions de CO2 mondiales liées à l’énergie n’ont fait que croître depuis. Et la plupart des entreprises des énergies fossiles ont produit plus de combustibles fossiles au cours des sept années qui ont suivi l’Accord de Paris qu’au cours de la période précédente. Plus précisément, un nouveau rapport du think tank Influence Map montre que 80% des émissions de CO2 entre 2016 et 2022 sont attribuées à seulement 57 entreprises et entités étatiques.
Le Top 10 est principalement dominé par les entités étatiques chinoises et russes. La production chinoise de charbon arrive ainsi largement en tête, représentant un quart des émissions mondiales sur la période. Viennent ensuite la société pétrolière publique Saudi Aramco (5% des émissions mondiales), le géant russe de l’énergie Gazprom (3,3%) et le producteur public indien de charbon Coal India (3%). Les majors occidentales sont quant à elles présentes dans le Top 20 : Exxon arrive 11e avec 1,4% des émissions, suivi de Shell, BP, Chevron ou encore TotalEnergies, qui se place 18e avec 1% des émissions mondiales.
Un outil pour demander des comptes
“La nouvelle analyse d’InfluenceMap montre que ce petit groupe ne ralentit pas sa production, la plupart des entités ayant augmenté leur production après l’Accord de Paris. Cette recherche constitue un maillon crucial pour demander des comptes à ces géants de l’énergie sur les conséquences de leurs activités”, a réagi Daan Van Acker, responsable de programme chez InfluenceMap, dans un communiqué.
Une édition précédente de la base de données Carbon Majors publiée par Influence Map a par exemple été citée dans une action en justice intentée mi-mars par un agriculteur belge contre TotalEnergies, avec le soutien de plusieurs associations. L’agriculteur a fait valoir qu’en tant que l’une des 20 sociétés les plus émettrices de CO2 au monde, et premier raffineur et distributeur en Belgique, TotalEnergies était en partie responsable des dommages causés à ses opérations par des conditions météorologiques extrêmes.
“Le dérèglement climatique a des effets très concrets pour moi : pertes de rendements, surcroît de travail et un stress quand il faut composer avec un calendrier cultural déboussolé”, a déclaré Hugues Falys, agriculteur dans la province de Hainaut (ouest de la Belgique), cité dans un communiqué. Hugues Falys et les ONG demandent à la justice qu’un plan de transition “crédible” qui comprenne l’arrêt des investissements dans les projets d’énergies fossiles, une baisse de 60% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et une baisse de sa production de gaz et de pétrole de 75 % d’ici 2040.