Des résultats “choquants”. C’est le constat alarmant de Michael Zemp, chercheur à l’Université de Zurich et co-auteur d’une étude inédite publiée dans la revue Nature, mercredi 19 février. Réalisée par près de soixante scientifiques, elle révèle que les 270 000 glaciers, peu importe leur emplacement dans le monde, ont perdu en moyenne 5% de leur volume total entre 2000 et 2023. Cela représente près de 6 500 milliards de tonnes de glace, soit l’équivalent de trois piscines olympiques perdues chaque seconde.
“Cela correspond à la consommation d’eau douce de l’ensemble de la population mondiale pendant trente ans, à raison de trois litres par personne et par jour”, indique Michael Zemp. Mais ces pertes varient d’un continent à l’autre : -2% en Antarctique contre -39% en Europe centrale.
Les Alpes et les Pyrénées, premières victimes
En France, les glaciers des Alpes et des Pyrénées sont les premières victimes. “En seulement deux ans, 2022 et 2023, ils ont perdu 10% de leur volume”, explique Etienne Berthier, glaciologue au CNRS et coauteur de l’étude. La raison ? L’alternance entre sécheresses hivernales et canicules estivales. Ces glaciers risquent d’ailleurs “de ne pas survivre au siècle en cours”, alerte l’étude.
Car le phénomène s’accélère. La fonte des glaciers a augmenté de 36% entre la première et la seconde moitié des enregistrements, passant de 231 milliards de tonnes par an entre 2000 et 2011 à 314 milliards de tonnes par an entre 2012 et 2023. Les quatre dernières années ont même battu des records, avec plus de 400 milliards de tonnes perdues par an, dont 548 milliards en 2023.
Une élévation du niveau de la mer de près de 2 cm
Point encore plus alarmant, l’étude suggère que les glaciers fondent à un rythme plus rapide que ce qui était prévu dans le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Cela alimente une élévation irréversible du niveau des mers. Entre 2000 et 2023, la fonte de ces glaciers a provoqué une élévation de 18 millimètres du niveau mondial de la mer, soit presque deux centimètres, menaçant près de 4 millions de personnes supplémentaires.
Les glaciers sont aujourd’hui le deuxième contributeur à la hausse du niveau des océans, après l’expansion de l’eau de mer sous l’effet du réchauffement. Mais cela pourrait bien changer avec la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique. Selon Martin Siegert, professeur à l’université d’Exeter, “les calottes glaciaires perdent aujourd’hui de la masse à un rythme croissant — six fois plus vite qu’il y a 30 ans — et si elles [fondent massivement], on ne parlera plus en centimètres, mais en mètres”, en termes d’élévation du niveau de la mer.