Publié le 28 juin 2025

S’inspirant du principe de la Sécurité sociale, la “Sécu verte” permettrait de faciliter la transition et d’accompagner les citoyens, notamment les plus précaires. Il s’agirait d’un nouveau service public dédié à la transformation durable, pour une écologie populaire, juste, et protectrice.

Et si l’on créait une “sécurité sociale verte”, afin de protéger les Français face à la crise environnementale et de les aiguiller dans la transition écologique ? C’est l’idée défendue par le think tank progressiste Terra Nova, dans une note rédigée par l’ex-conseillère écologie de l’Elysée et consultante spécialisée Marine Braud. Alors que les risques environnementaux se multiplient et que la transition est plus complexe que jamais, l’idée serait de créer un “véritable service public de la transition écologique […] pour accompagner les citoyens, les entreprises et les territoires face aux bouleversements environnementaux et mutations à venir.”

Cette “Sécu verte” serait une sorte de guichet unique permettant de centraliser toutes les démarches liées à l’environnement et à la transition écologique, à l’image de ce que propose la Sécurité sociale en matière de santé. “La transition écologique ne nécessite pas simplement quelques ajustements ponctuels, mais une transformation de fond, qui s’étendra sur plusieurs décennies. Elle exige un cadre stable, pérenne et protecteur à la hauteur des bouleversements à venir”, explique Marine Braud.

Une “carte vitale verte” pour faciliter l’accès à la transition écologique

La Sécurité sociale verte permettrait aux citoyens de bénéficier d’une sorte de “carte vitale verte”, grâce à laquelle l’accès aux aides publiques liées à la transition écologique serait facilité. Plus besoin de monter un dossier différent, à présenter à une autorité différente, pour bénéficier des aides à la rénovation thermique, des subventions à l’achat d’un véhicule propre, ou des bonus-malus réparation. Tout se ferait automatiquement grâce à cette “carte vitale verte”, et serait centralisé par la Sécu verte, ce qui réduirait donc la complexité administrative de la transition pour les individus. La mission de la Sécu verte serait ainsi de “lever les divers obstacles – psychologiques, économiques, sociaux et culturels – freinant le passage à l’action”.

Il serait également possible pour chaque Français de bénéficier d’un “diagnostic personnalisé, gratuit et hiérarchisé” pour identifier les aides dont il peut bénéficier pour verdir son mode de vie ou ses modes de consommation. “Ce diagnostic permettrait de produire des recommandations d’actions qui seraient non seulement adaptées à la situation socio-économique de chaque individu, mais aussi hiérarchisées en fonction de leur efficacité”, explique Marine Braud.

En outre, chaque assuré pourrait bénéficier d’un “portefeuille vert”, sur lequel l’Etat verserait automatiquement aux ayants-droits les différentes aides financières liées à la transition, comme le chèque énergie ou le chèque bois. Pour les salariés, les employeurs pourraient également y verser des “primes vertes”, défiscalisables, dont le montant serait utilisable pour des projets liés à la transition écologique, comme la rénovation de son logement. Une manière “d’offrir à chacun les moyens de participer à la transition”.

Lutter contre les inégalités et pour la justice sociale

Comme la Sécurité sociale, la Sécu verte aurait aussi pour mission de contribuer à la prévention en matière écologique, en informant le public des gestes utiles pour adapter son mode de vie, ou pour se protéger des crises environnementales comme les vagues de chaleur, les orages violents, la montée des eaux ou les retraits et gonflement des argiles, par exemple, qui affectent de plus en plus durement les citoyens. A terme, elle pourrait aussi permettre d’indemniser les victimes des catastrophes naturelles, en complément des assurances et des mutuelles, ou aider les travailleurs dans leurs transitions professionnelles, notamment les travailleurs les plus modestes dans les industries qui risquent d’être affectées par des pertes d’emplois liés à la transformation durable de l’économie.

Une nouvelle étude appelle à “sortir du mythe du récit unique et magique sur la transition écologique”

La note préconise d’ailleurs d’organiser cette Sécu verte autour du concept de justice sociale, en renforçant la progressivité des aides en fonction du revenu, et en accompagnant mieux les plus précaires dans leur transition écologique. Cette nouvelle Sécurité sociale pourrait d’ailleurs être financée par une fiscalité ciblée sur les modes de consommation les plus polluants (jets privés, yachts, voitures de luxe ou immobiliser de luxe). Comme le montrent les études de l’Ademe, une majorité de Français sont en effet “prêts à des changements importants de leurs modes de vie s’ils sont partagés de façon juste entre tous les membres de notre société” et une telle mesure permettrait de renforcer la légitimité populaire de la transition écologique.

Cette sécurité sociale écologique “incarnerait un pilier de la politique publique capable de réconcilier les Français avec l’écologie, à condition que celle-ci soit vécue comme une sécurité partagée plutôt qu’une contrainte subie”, explique encore Terra Nova. Il s’agirait alors de montrer que l’écologie peut être “juste, incarnée et à l’écoute des réalités du quotidien”, pour contrer notamment les discours des populismes de droite et d’extrême droite, qui présentent l’écologie comme une transition “punitive”.

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes