Le football au détriment de la forêt. Le père de Neymar, du nom du célèbre footballeur brésilien, a annoncé officiellement le lancement d’un centre d’entraînement à Santos, sur le littoral de l’État de São Paulo. Le futur complexe prévoit trois terrains de football, un stade de 25 000 places, un club, une salle de sport et un ensemble hôtelier. Il serait situé sur une parcelle de végétation primaire attenante au parc naturel Xixová-Japuí, une zone protégée de 900 hectares créée en 1993.
Le projet pose un problème central : la préservation de la forêt atlantique, ou Mata Atlântica, un biome très menacé dont il ne subsiste que 12 % de la végétation d’origine. Il entre en contradiction avec la loi surnommée “loi de la forêt atlantique” au Brésil, adoptée en 2006, qui interdit la suppression de végétation primaire sauf en cas d’utilité publique ou d’intérêt social avéré, a expliqué Luis Fernando Guedes Pinto, directeur de l’ONG SOS Mata Atlântica, au journal brésilien Agencia Pública.
“Un but contre la nature ”
Les autorités locales accueillent favorablement l’initiative. Lors de l’événement d’annonce à Santos, le maire de Praia Grande, Alberto Mourão, a déclaré que le futur centre d’entraînement représentait “une réalité déjà concrète” et constituait une avancée pour la ville. Mais une partie de la population exprime, elle, son opposition. Les résidents déplorent le manque de concertation.
“Le développement est le bienvenu, mais nous voyons ce projet avec une certaine appréhension, car il touche une zone de forêt primaire préservée, avec des espèces typiques de la Mata Atlântica”, a affirmé Leniro Guedes, président de l’association des habitants du quartier Canto do Forte (Amoforte), à l’Agencia Pública. Et d’ajouter : “Nous allons soulever des questions sur les cours d’eau, les sources, les espèces locales, le déboisement, la préservation et la compensation forestière.”
Lázaro Zeferino, 65 ans, entraîneur de football pour personnes amputées et habitant voisin du parc Xixová-Japuí, a confié à l’Agencia Pública : “Détruire cette végétation, abattre des arbres essentiels pour le climat mondial, nécessiterait une compensation écologique gigantesque. Sans cela, ce sera un projet contre la nature et contre la planète.”
Une pétition en ligne à réuni plus de 2 400 signatures à travers tout le pays. Le texte dénonce “un but contre la nature” et insiste sur le fait qu’il n’est pas nécessaire de “sacrifier nos arbres, notre biome et notre écosystème pour ce projet. Nous sommes favorables au développement de notre ville, mais pas à ce prix.”
Des polémiques environnementales récurrentes
Ce projet n’est pas la première initiative de, Neymar da Silva Santos, le père de Neymar, à soulever des critiques sur le plan environnemental. En 2023, celui-ci avait été sanctionné par les autorités de Mangaratiba, dans l’État de Rio de Janeiro, pour des travaux réalisés sans autorisation sur un lac artificiel situé dans la propriété de son fils.
Lors de l’inspection, les agents de contrôle avaient constaté l’utilisation de sable prélevé illégalement sur une plage voisine ainsi que la déviation d’un cours d’eau naturel. Neymar da Silva Santos avait même été brièvement arrêté pour outrage aux agents avant d’être libéré. Le dossier a été traité en toute confidentialité, et la sanction a été annulée en août 2024.
Qu’en sera-t-il du projet de centre d’entraînement ? En date de juillet 2025, ni la Cetesb (l’agence environnementale de l’État de São Paulo), ni la direction de l’environnement de Praia Grande n’avaient reçu de demande de permis. Interrogé par l’Agencia Pública, le service de communication de NR Sports, l’entreprise liée au père de Neymar, a déclaré qu’ “il n’existe pas encore de projet formalisé ni d’information officielle à diffuser”, bien que celui-ci ait déjà été présenté au club et à la presse.