L’absorption du CO2 par les forêts européennes diminue, alertent des chercheurs dans une étude parue dans la revue Nature fin juillet. “La capacité des forêts à se comporter comme un puits de carbone décline rapidement”, écrit l’équipe internationale de scientifiques, dont les principaux sont issus du Centre commun de recherche, un organisme de l’Union européenne (UE).
Les forêts couvrent environ 40% de la surface de l’UE et ont absorbé quelque 436 millions de tonnes d’équivalent CO2 chaque année entre 1990 et 2022, soit environ 10% des émissions liées à l’activité humaine dans le bloc de pays. Mais la tendance n’est pas encourageante : les absorptions ont chuté de près d’un tiers entre les années 2010-2014 et 2020-2022. Des études récentes ont annoncé même “un déclin encore plus prononcé”, notent les auteurs.
“Inverser le déclin est possible”
La capacité des forêts à absorber le CO2 diminue en raison des sécheresses, des canicules, des attaques d’insectes et des incendies, mais aussi en raison de l’exploitation forestière. Cela menace les objectifs climatiques de l’UE, qui vise la neutralité carbone en 2050. Cela suppose que les émissions résiduelles soient absorbées par des puits de carbone naturels tels que les sols et les forêts, ou par des technologies de captage du CO2.
“Inverser le déclin dans la capacité des forêts européennes à stocker le carbone est essentiel – et cela est toujours possible – avec des actions audacieuses et fondées sur la science dès aujourd’hui”, a souligné Giacomo Grassi, co-auteur de l’étude. Parmi les solutions : gérer les forêts pour les rendre plus résistantes au climat du futur et aux conditions extrêmes en favorisant la diversité, faire évoluer les modes d’exploitation forestière et améliorer la surveillance des forêts européennes.
Les auteurs soulignent le besoin d’améliorer les connaissances encore lacunaires sur le sujet : de nombreux pays européens se reposent sur des inventaires forestiers ponctuels, qui ne donnent pas une image précise et dynamique des évolutions. “On ne peut pas parier notre futur sur l’élimination du carbone (…) sans comprendre ce qui se passe déjà dans nos systèmes terrestres et naturels”, a commenté Piers Forster, professeur à l’université britannique de Leeds, qui n’a pas participé à l’étude.