Publié le 23 août 2025

Les paysages immaculés de l’Antarctique séduisent de plus en plus de voyageurs. En dix ans, le nombre de passagers visitant cette région à bord de croisières de luxe s’est envolé, entraînant de lourdes conséquences sur les écosystèmes locaux. Cet été, Novethic s’interroge sur les nouveaux modes de voyage, durables… ou non.

C’est une tendance qui ne semble pas vouloir ralentir. En 2024, les croisières ont transporté plus de 34 millions de passagers, un chiffre qui pourrait dépasser les 37 millions d’ici la fin 2025 selon l’Association internationale des compagnies de croisières (CLIA). Mais entre les voyages sans escale entièrement dédiés aux divertissements et les traditionnels circuits dans les eaux cristallines des Caraïbes, une nouvelle destination semble tirer son épingle du jeu : les croisières en Antarctique.

En seulement dix ans, leur fréquentation aurait enregistré une hausse de près de 215%. Une cinquantaine de croisiéristes partageraient aujourd’hui ce marché qui attire une clientèle très aisée et de plus en plus jeune. Le tourisme de niche laisse ainsi place à un tourisme de masse, explique Anne Hardy, professeure à l’université de Tasmanie, interrogée par France Inter. Sur les réseaux sociaux, des influenceurs du monde entier partagent en effet leur expérience sur ces navires qui n’ont rien à envier aux paquebots circulant dans les eaux chaudes du globe. Piscines chauffées, cabines de luxe avec balcon, jacuzzis… Dans des vidéos vues des millions de fois, ils font la promotion de ces voyages dont l’impact sur l’environnement est pourtant loin d’être anecdotique.

5 tonnes de CO2 par passager

Une étude publiée par Frontiers in Conservation Science le 9 juin dernier estime par exemple que l’ancrage des bateaux met en péril les écosystèmes situés dans ces fonds marins. 4 000 espèces y seraient répertoriées, dont des pieuvres géantes, des étoiles de mer soleil ou encore des éponges volcaniques géantes, “considérées comme les plus anciens animaux de la planète”, indique à Libération Matthew Mulrennan, co-auteur du rapport. Jusqu’ici protégées par la quasi-absence d’activités humaines, la faune et la flore n’ont pas eu la possibilité de s’y adapter. A ce jour peu étudiées, les conséquences à court et long terme de ces dégâts restent par ailleurs inconnues pour les scientifiques.

Ce mode de voyage est en outre très carboné. Un passager visitant l’Antarctique à bord d’un navire de croisière émettrait plus de cinq tonnes de CO2. Pire encore, d’après un rapport datant de 2022, chacun de ces touristes contribuerait à la fonte de 83 tonnes de neige. Un véritable cercle vicieux : en participant au réchauffement climatique par le biais de leurs émissions, les voyageurs accélèrent la fonte des glaces qui permet aux bateaux d’accéder plus facilement aux terres australes, tout en les mettant en danger. Si des régulations existent, instaurées en partie par l’Association internationale des opérateurs touristiques en Antarctique, elles ne prennent cependant pas encore en compte l’accélération exponentielle du tourisme dans ce territoire.

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