Si les 4 400 athlètes handisport bénéficient d’une image de champions exceptionnels, il y a un revers à la médaille de l’organisation de ces jeux paralympiques presque comme les autres. L’accessibilité des lieux publics parisiens n’a pas spectaculairement progressé. A date, 3% du réseau de métro et seulement 35 des 320 stations peuvent être empruntées par des personnes en chaise roulante. La ligne 14 est la seule à être totalement accessible, si les ascenseurs ne sont pas en panne ou les stations fermées !
Près de la moitié des commerces, restaurants et cabinets médicaux français doivent aussi se mettre en conformité, c’est-à-dire s’équiper de rampes, agrandir les espaces permettant d’accéder à l’endroit où ils accueillent du public et autres mesures précises et normées. Le fonds “accessibilité” pour les accompagner dans cette démarche a été lancé fin 2023. Doté de 300 millions d’euros sur cinq ans, il ne prend en charge que 50% des travaux, dans la limite de 20 000 euros. Selon le cabinet de la ministre déléguée aux Personnes handicapées démissionnaire Fadila Khattabi, 900 000 commerces de proximité sur les deux millions que compte la France ont entamé la démarche. C’est déjà ça mais la loi de 2005 prévoyait que 100% des lieux accueillant du public soient accessibles en… 2015 !
La France mise en demeure sur l’accessibilité
L’Union européenne pousse aussi les Etats membres à faire mieux. Depuis l’été 2022, la France est mise en demeure de transposer la régulation sur l’accessibilité, adoptée en 2019. Elle concerne non seulement les lieux publics mais aussi tous les biens et services numériques. La Commission lui a donné deux ans. La date butoir est arrivée mais la France est encore loin du compte. Elle a bien lancé ses ambassadeurs de l’accessibilité, 1 000 jeunes en service civique qui doivent sensibiliser les commerces de proximité pour qu’ils fassent l’effort de rendre ces jeux et les rues de Paris réellement inclusifs. L’idée n’est pas encore de désigner les récalcitrants mais de valoriser ceux qui facilitent l’accès aux personnes handicapées via la plateforme participative Accès libre. Près de 500 000 lieux accessibles dont plus de 60 000 en Ile-de-France y sont référencés. Les JO paralympiques vont-ils donner une plus grande visibilité à la démarche ?
Ils sont en tout cas mis sur le même plan que les jeux olympiques classiques, ce qui reste une grande première. Les installations ont été réadaptées mais ce sont les mêmes sites. Les épreuves seront diffusées en intégralité à la télévision et les athlètes devraient enfin avoir un public nombreux. “Nous espérons beaucoup que le succès et l’engouement soient les mêmes que pour les JO traditionnels afin de contribuer au changement de regard sur le handicap, quel qu’il soit”, explique la direction de l’AGEFIPH, l’organisme chargé de favoriser l’accès à l’emploi des handicapés. Il sera présent au Club France pendant toute la compétition.
Soutien accru des entreprises aux athlètes paralympiques
“Nous voyons déjà affluer des projets de signature de conventions avec des entreprises comme Nexans ou PWC pour faciliter le recrutement et les carrières de personnes handicapées mais aussi mieux former à l’accueil des personnes, quel que soit leur handicap”, poursuit l’AGEFIPH. Dans le cadre des JO, il va signer au Club France une convention avec l’UCPA, spécialiste des vacances sportives. “Elle portera sur une dimension spécifique : la formation d’animateurs saisonniers à l’accueil des handicapés”, précise l’organisation. Elle constate aussi un mouvement positif de soutien des entreprises aux athlètes qui sont aussi leurs salariés, à l’image de l’escrimeur Alex Fava.
Collaborateur de la BRED Banque Populaire qui appartient au groupe BPCE, l’un des principaux sponsors des JO, il met en exergue le côté “gagnant/gagnant” de la convention d’insertion professionnelle dont il a pu bénéficier en tant que sportif. “Cela m’a apporté un équilibre extra sportif qui a bénéficié à ma carrière et amélioré mes résultats sportifs dans les compétitions internationales”, raconte Alex Fava. Il ajoute : “Quand on est sportif et collaborateur d’une entreprise, les deux mondes s’apportent l’un l’autre. L’engagement, le sens de l’effort, le travail d’équipe, la gestion de la pression… toutes ces valeurs issues du sport m’aident dans mon travail. Et inversement l’entreprise m’a appris à avoir une approche plus professionnelle de mon sport. Comme maximiser ma productivité à l’entrainement mais aussi en termes de rigueur, être toujours à l’heure, remplir mes conditions administratives…” En mettant sur le même plan les deux catégories de JO, les organisateurs auront donc au moins permis de créer un vent de mobilisation pour une meilleure intégration des personnes handicapées dans les entreprises.