Publié le 8 juillet 2024

Revers pour le Rassemblement national, poussée surprise du Nouveau front populaire… Ces élections législatives ont dessiné une nouvelle Assemblée nationale composée de trois grands blocs. Quid de l’après ? Que dit la Constitution ? Une cohabitation est-elle obligatoire ? Novethic vous raconte le post-7 juillet en trois mots-clés.

Scène de liesse d’un côté, de colère de l’autre, de résignation au centre. Il fallait lire les émotions sur les visages des militants des partis politiques pour saisir, dans les grandes lignes, la recomposition de l’Assemblée nationale. Grand favori de ces élections, avec un premier tour qui l’a hissé en tête, le Rassemblement national n’obtient ni la majorité absolue, ni la majorité relative avec 143 sièges. C’est le Nouveau front populaire qui, contre toute attente, se place en tête remportant entre 182 sièges. La coalition présidentielle Ensemble limite la casse (162 sièges) quand les Républicains sont crédités de 46 sièges.

Les ONG se sont félicités que le “barrage républicain” ait fonctionné : “l’extrême droite est très loin d’être aussi puissante qu’annoncée”, a réagi le Réseau Action climat. “Le populisme mortifère pour nos démocraties est trop puissant, mais n’a pas gagné la France ce soir”, a de son côté écrit Laurence Tubiana, négociatrice de l’Accord de Paris sur le climat en 2015. Au-delà du soulagement partagé par beaucoup de personnalités politiques et de la société civile face au résultat du RN, finalement plus faible que prévu, que retenir de ces élections législatives ?

Démission

La Premier ministre Gabriel Attal, qui a mené la campagne pour l’ex-majorité présidentielle, a annoncé remettre lundi 8 juillet au matin “sa démission au président de la République”, de manière “fidèle à la tradition républicaine”. Après avoir fustigé une dissolution qu’il n’a “pas choisie”, il s’est félicité qu’“aucune majorité absolue ne peut être conduite par les extrêmes”. Sa démission signifie-t-elle que Gabriel Attal ne sera plus Premier ministre dans les heures qui viennent ? Pas tout à fait. D’une part, Emmanuel Macron peut refuser sa démission. Il a d’ailleurs déclaré qu’il attendait de connaître la “structuration” de la nouvelle Assemblée pour “prendre les décisions nécessaires”. D’autre part, Gabriel Attal a également indiqué : “Notre pays connaît une situation politique sans précédent et se prépare à accueillir le monde dans quelques semaines. Aussi, j’assumerai bien évidemment mes fonctions aussi longtemps que le devoir l’exigera”. Reste à savoir combien de temps.

Cohabitation

Il est 20h passé de quelques minutes quand Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise prend la parole. Il est le premier à s’exprimer et pose ainsi ses conditions demandant au Premier ministre de “s’en aller” : “Le président doit appeler le NFP à gouverner”, dit-il. Le mot cohabitation n’est pas loin, ce serait la quatrième de la Vème République. Reste qu’aucun mouvement n’a obtenu de majorité absolue. “Si on se réfère au Président, il devrait proposer au groupe parlementaire arrivé en tête de constituer un gouvernement”, avance le constitutionnaliste Dominique Rousseau interrogé par Libération. Or le Nouveau front populaire est le parti qui a obtenu le plus de sièges à l’issue de ces élections. “En dépit des incertitudes liées à la constitution du prochain gouvernement, la France a la possibilité de constituer une nouvelle majorité résolument engagée dans la lutte contre le changement climatique et pour la solidarité internationale”, veut croire Friederike Roder, vice-présidente de l’ONG Global Citizen.

Constitution

Dans tous les cas, la Constitution prévoit que la nouvelle Assemblée nationale doit se réunir le deuxième jeudi qui suit son élection, soit le 18 juillet à 15h. Le média spécialisé La Chaîne parlementaire précise : “Les députés entameront cette XVIIe législature par l’élection du successeur ou de la successeure de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l’Assemblée nationale. Ce scrutin aura lieu à bulletins secrets”. S’ensuivent les jours qui viennent les élections des vice-présidents, des commissions permanentes, etc. Par ailleurs, l’article 49 de la Constitution permet à l’Assemblée nationale de voter une motion de censure si le gouvernement proposé ne lui convient pas. Si la majorité vote contre ce gouvernement, ce dernier doit obligatoirement démissionner.

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