Publié le 27 avril 2024

A peine lancée en Europe, TikTok Lite doit revoir sa copie. L’application, sous le coup d’une enquête de la Commission européenne, a décidé de mettre en pause son nouveau programme de récompenses, soupçonné d’encourager la dépendance des plus jeunes aux écrans.

Serait-ce déjà la fin du programme de récompenses lancé par TikTok ? Sous la pression de l’Union Européenne, le groupe chinois ByteDance a annoncé mercredi 24 avril mettre en pause durant 60 jours la fonctionnalité phare de sa nouvelle application TikTok Lite, soupçonnée de provoquer des “effet négatifs sur la santé mentale”.

“TikTok cherche toujours à s’engager de manière constructive avec la Commission européenne et les autres régulateurs. C’est pourquoi nous suspendons volontairement les fonctions de récompenses dans TikTok Lite pendant que nous répondons aux préoccupations qu’elles ont soulevées”, affirme la plateforme sociale dans une courte déclaration publiée sur le réseau X.

D’abord déployée au Japon et en Corée du Sud, TikTok Lite a fait son arrivée sur les smartphones français et espagnols il y a tout juste un mois. Simplifiée et plus économe en données que sa grande sœur qui réunit en France plus de 21 millions d’utilisateurs, la version “allégée” de TikTok comporte une nouveauté : un programme de récompenses. Présenté sous la forme ludique de mini-jeux, le système permet aux utilisateurs de gagner des points en effectuant une série d’actions, comme s’abonner à des comptes, aimer des vidéos ou encore parrainer des amis.

Plus on consomme de vidéos, plus on gagne de points

Mais le programme récompense avant tout le temps passé sur l’application : plus on consomme de vidéos, plus on gagne de points. Ces derniers sont ensuite convertibles en bons d’achat Amazon ou en cartes cadeaux, 100 points valant 1 centime d’euros. Très rapidement, la nouvelle application rencontre le succès. A ce jour, elle arrive en tête des téléchargements sur l’App Store (Apple) et occupe la troisième place sur le Play Store (Android) avec plus de cinq millions d’installations.

Le concept, déjà adopté par d’autres géants chinois comme le site d’e-commerce Temu, n’a toutefois pas tardé à attirer les critiques. “Ce sont des modèles qui sont construits sur le principe d’addiction. (…) Il y a tout un biais dans les algorithmes qui sont introduits spécifiquement pour aller chercher de la dopamine”, affirme ainsi auprès de France Info Gilles Babinet, co-président du Conseil national du numérique. Une problématique qui a rapidement suscité l’attention de Bruxelles.

Potentiels effets négatifs sur la santé mentale

Après avoir adressé à TikTok une demande de renseignements restée sans réponse, la Commission européenne a ouvert le 22 avril dernier une procédure à l’encontre de la plateforme afin de déterminer si sa nouvelle application “a pu enfreindre le règlement sur les services numériques”, aussi appelé Digital Services Act (DSA). La Commission souhaite notamment vérifier si l’entreprise a mené une évaluation des risques comme le requiert la législation, face aux potentiels “effets négatifs sur la santé mentale” et de “dépendance” qu’implique le programme de récompenses de l’application.

Afin d’éviter toute pénalité, dont une amende allant jusqu’à 1% de son chiffre d’affaires mondial et la suspension de sa nouvelle fonctionnalité, ByteDance a donc décidé de prendre les devants. L’entreprise se dit néanmoins “déçue”, rapporte France Info, et met en avant plusieurs mesures de régulation. TikTok Lite est, sur le principe, interdit aux personnes mineures et comprend par ailleurs un plafond de récompenses journalier. Des dispositions qui ne semblent pas avoir suffi à convaincre Bruxelles.

“Les procédures contre TikTok concernant le risque d’accoutumance à la plateforme se poursuivent”, écrit ainsi Thierry Breton, commissaire européen, sur le réseau X. L’entreprise fait en effet l’objet d’une seconde enquête de la Commission européenne. Lancée au mois de février dernier, elle porte sur “la protection des mineurs”, “la transparence de la publicité” ou encore “la gestion des risques liés à la conception addictive”.

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