Publié le 27 novembre 2024

Le Coq Sportif perd ses plumes. L’équipementier officiel des athlètes français aux Jeux Olympiques est placé en redressement judiciaire. Un coup dur pour la filière textile Made In France dont le Coq Sportif est un important acteur.

C’était il y a quelques mois à peine. Les athlètes français des Jeux olympiques de Paris paradaient dans des tenues créées par le Coq Sportif, relançant ainsi cette marque si présente dans l’imaginaire collectif. Ce petit coq évoquant l’histoire du textile français retrouvait ainsi son plus beau chant. L’avenir paraissait alors radieux pour le Coq Sportif, qui, pour répondre à la demande prévoyait la vente de plus d’un million de pièces en lien avec les JO.

“C’est la première fois qu’une équipe de France Olympique et Paralympique vend autant de produits”, se réjouissait en août le directeur de l’équipementier, Patrick Ouyi. “On avait projeté entre 40 et 45 millions d’euros du chiffre d’affaires sur les produits JO et c’est ce qui se réalisera”, assurait-il sur France Inter. Et pourtant, seulement trois mois après cette déclaration, le Coq Sportif vient d’être placé en redressement selon les informations de la maison-mère de la société, Airesis.

Retard de livraisons et problèmes financiers

Car malgré les JO, le Coq Sportif est de plus en plus déplumé. D’après ses résultats financiers du premier semestre, publiés fin septembre, le groupe affichait une perte de 18,2 millions d’euros contre une perte de 10,5 millions au premier semestre 2023, et de 28,2 millions sur l’ensemble de l’année passée. Les alertes se sont multipliées ces derniers mois. Le 24 juillet, soit deux jours avant l’ouverture des JO, certaines fédérations avaient tiré la sonnette d’alarme : plusieurs athlètes n’avaient toujours pas reçu leurs tenues olympiques, dont celle d’entraînement. Certains experts craignaient par ailleurs que l’équipementier n’ait pas les reins assez solides pour livrer dans les temps les sportifs.

Pour tenir les délais, en plus du prêt de 12,5 millions d’euros en juillet de l’Etat français, le Coq Sportif a obtenu en mai 2024 un prêt de 2,9 millions d’euros de la part du Comité d’organisation de Paris 2024, dont il restait au 30 septembre 150 000 euros à rembourser. Sa maison-mère Airesis a elle-même été suspendue de la Bourse suisse en juin dernier, en raison de la non-publication de ses résultats annuels. “Où est passé l’argent ?” s’interroge ainsi sur RMC, Christophe Latrasse, représentant CGT de Romilly-sur-Seine où siège le Coq Sportif. “Qu’on fait les dirigeants avec cet argent là ? C’est de l’argent public quand même !”, dénonce-t-il. Le Coq Sportif emploie actuellement 330 salariés. Une centaine d’emplois dépendent par ailleurs indirectement de son activité.

De la délocalisation à la relocalisation

Au-delà d’une possible casse sociale, son annonce de redressement judiciaire porte également un coup dur au Made in France, véritable fer de lance de l’équipementier. Après avoir délocalisé sa production en Asie dans les années 80, le Coq Sportif réalise un retour aux sources depuis une dizaine d’années. En 2010, il a ainsi réinvesti son usine de Romilly-sur-Seine, et est monté en puissance jusqu’à tisser et peindre entre 80 et 90% de ses textiles en France. C’est cette tendance à la relocalisation qui avait d’ailleurs joué en sa faveur auprès du comité olympique, qui avait préféré le Coq Sportif au géant Lacoste. Aujourd’hui, selon le journal Libération, 80% de son chiffre d’affaires est réalisé en France.

Malgré son redressement judiciaire et donc sa cessation de paiements, le Coq Sportif se veut positif sur son avenir. Interrogée par Le Figaro, l’entreprise explique que cette procédure est liée “à la montée en puissance rapide et vertigineuse” de l’équipementier, nécessitant ainsi des liquidités. D’autres investisseurs pourraient également se positionner. Le contrat avec l’équipe de France olympique a en tout cas été reconduit jusqu’en 2026 avec une “collection unique” pour les JO d’hiver. “Le Coq Sportif reste profondément engagé dans une démarche où l’humain, les savoir-faire et la solidarité économique locale sont au centre de toutes ses actions. L’entreprise et ses collaborateurs sont déterminés à passer ces obstacles et réussir la transformation qui lui assurera une expansion mondiale”, assure la direction de l’entreprise.

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