Le bunker se trouve dans le quartier de la gare de Strasbourg, derrière les lignes de chemin de fer où les vieilles bâtisses semblent délaissées. Ici, les passants ne sont pas nombreux. Mais des curieux viennent toquer à la porte du “Bunker comestible”. À tel point qu’Anne-Laure Labrune et Raphaël Maret, les deux fermiers qui ont transformé l’ancien bunker allemand en exploitation agricole font maintenant payer les visites. “On est que deux, on n’a pas le temps de tout faire”, déplore l’agricultrice, salariée de la startup Cycloponics, spécialisée dans la transformation de lieux urbains désaffectés en friche.
Limiter au maximum son empreinte écologique
À l’entrée de cette ancienne poudrière allemande de 200 mètres carrés, les deux salariés ont créé un espace de travail avec bureau et cuisine. Dans une salle au fond, les micro-pousses de moutarde, roquette et radis prennent leurs aises sous les LED colorées. À l’étage, les skiitakés et champignons savourent une température à 19°C et un fort taux d’humidité, conditions idéales pour leur développement.
“On est vraiment dans une démarche écoresponsable”, explique Anne-Laure Labrune. “D’abord parce qu’on exploite un lieu qui était complètement laissé à l’abandon. Ensuite parce que toute notre production est bio”, énumère la fermière, “enfin parce qu’on livre à vélo. On veut limiter au maximum notre empreinte écologique et surtout privilégier les circuits de proximité et les circuits courts”.
La grande distribution veut sa part
Et cela fonctionne. La production de champignons atteint les 150 kg toutes les deux semaines. Avec les micro-pousses, la production représente 80 barquettes hebdomadaires. Pour le plus grand plaisir des restaurateurs du coin et des AMAP livrées par le Bunker comestible. Fort de leur succès, les jeunes agriculteurs ont été démarchés par la grande distribution. “On hésite encore”, admet Anne-Laure Labrune. “Cela nous permettrait de toucher un autre public mais les pratiques de la grande distribution ne correspondent pas aux nôtres”.
La prochaine étape est de changer d’échelle en investissant de nouveaux lieux urbains oubliés. Les fondateurs de Cycloponics ont vu grand : 3 500 mètres carrés de parking souterrain près de porte de la Chapelle dans le Nord de Paris.