Si vous vous promenez sur les rives du bassin de la Villette, au nord de la capitale, vous ne pourrez pas la rater. Une immense ombrière, entièrement faite à partir de bois récupéré, de toutes les tailles et de toutes les teintes, renferme de précieux trésors. C’est la Terrasse des Canaux, la maison des économies solidaires et innovantes de Paris. Tout l’été, elle accueille des initiatives inspirantes pour sensibiliser les citoyens et leur donner envie de passer à l’action.

Parmi les entrepreneurs du jour, je découvre Noëlla Crëa, une jeune femme de 29 ans, qui regorge d’idées créatives. Sur son stand, une ancienne jante de vélo sert de présentoir à sa dernière création : des boucles d’oreille réalisées avec des chambres à air récupérées et des chutes de tissu. Elle avait pu tester son activité en amont dans une coopérative éphémère pendant trois mois sous le statut de salarié-entrepreneur. À la rentrée, elle va suivre une formation Management et entrepreneuriat en alternance afin de poursuivre ses activités.

De la récup et du zéro déchet

Un peu plus loin, Pauline, 28 ans, a mis au point des Pancakes… des éponges démaquillantes et ses pochons de transport, faits à partir de chutes de tissu. "Je m’approvisionne dans des ressourceries, chez des tapissiers et des costumières à Paris", explique cette ancienne chef de projet marketing en reconversion. Tout est parti d’un voyage en solitaire en Nouvelle-Zélande : pour réduire sa charge, elle invente cette petite éponge. Ses amies se l’arrachent et elle décide de se lancer. Paulette zéro déchet va bientôt élargir sa gamme avec des sacs à vrac, des lingettes pour bébé et des mouchoirs.

Elle aussi mise sur le zéro déchet. Sandrine, la doyenne du jour, a mis au point des culottes menstruelles. Très en vogue depuis quelques mois, les siennes auront nécessité trois ans de R&D. Il faut dire que le coton est sourcé en Europe, la teinture certifiée Oeko-Tex 100 et que ses modèles absorbent autant que trois serviettes hygiéniques grâce à la couche de bambou et de soie incorporée.

Installée aux Grands Voisins, sur la friche de l'ancien hôpital Saint-Vincent de Paul, dans le 13e, Sandrine fait tout elle-même sur commande. "J’ai démarré avec ma vieille Singer, puis après une campagne de financement participatif, j’ai pu acheter d’autres machines." L’ange rit propose aujourd’hui trois modèles différents, cinq coloris, du 34 au 54. "Pour toutes les femmes quoi !" résume la quinquagénaire qui insiste sur un détail important : ses culottes, en plus d'être absorbantes, n'ont pas d'élastique aux cuisses pour ne pas gêner la circulation sanguine.

Démonstrateur de solutions

Devant le stand de Daradja, qui signifie "pont" en swahili, un ancien étudiant malien est venu annoncer qu’il était embauché en CDI dans une grande entreprise. Une victoire pour cette association qui accompagne les étudiants étrangers vers l’insertion professionnelle et sociale. Elle organise des ateliers collectifs à Paris 8 et Paris 13 avec des intervenants extérieurs visant à transmettre les codes socio-professionnels aux étudiants étrangers. Du mentorat est également mis en place avec des entreprises partenaires et des sorties culturelles sont organisées pour les sortir de l’isolement.  

Avant de quitter ce démonstrateur de solutions grandeur nature, je fais un détour par le traiteur, éthique forcément. Aujourd’hui Cook Tattoum nous fait découvrir le bissap, une boisson d’Afrique de l’Ouest, accompagné d’un délicieux falafel. Aux fourneaux, la trentenaire est issue de la dernière promotion des Déterminés, une association qui forme des jeunes issus de quartiers populaires et de milieux ruraux.

Au total, 150 initiatives vont être présentées tout l’été et des conférences thématiques organisées le week-end autour de la ville inclusive, l’éducation à la citoyenneté et au féminisme ou encore la mobilité verte. Retrouvez tout le programme ici.

Concepcion Alvarez @conce1