Publié le 21 novembre 2022
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Qatar 2022 : la Coupe du monde, championne des controverses
Il s’agit de l’un des événements sportifs les plus attendus de la planète. Et aussi l’un des plus controversés. Droits humains élémentaires non respectés, soupçons de corruption, bilan climatique catastrophique… les dossiers pesant sur la Coupe du monde au Qatar se révèlent particulièrement lourds et entachent la réputation de cette compétition phare dans le monde du foot. Et les supporters dans tout ça ? Le tarif élevé pour assister aux matchs en a refroidi plus d’un.

@Giuseppe Cacace / AFP
Une coupe du monde hors de portée des plus modestes
Hôtels haut de gamme, billets d’avion, ticket d’entrée pour les matchs à prix records… la facture s’avère salée pour les supporters qui souhaitent assister aux matchs de leurs équipes favorites sur place. L’association Football supporters Europe s’est emporté contre les prix pratiqués qui risquent d’exclure bon nombre de fans aux revenus modestes. Interviewé par France Info, Ronan Evain, son directeur, estimait à 6 000 euros la facture totale pour une personne souhaitant assister à tous les matchs de son équipe. La Fédération internationale de football (Fifa) assure néanmoins que près de 3 millions de tickets ont été vendus, le nombre total de visiteurs attendus étant de 1,2 million. Mais, juste avant le début de la compétition, les observateurs sur place ne voient que le vide, avec un métro désert et des rues peu encombrées. Dans une volte-face de dernière minute, les autorités du Qatar ont décidé que la vente d’alcool serait interdite aux abords des huit stades, au grand dam des supporters. Il faudra attendre les premiers matchs pour voir si l’ambiance se réchauffe.
Esclavage, travail forcé, droits humains… les chantiers de tous les dangers
Les ONG dénoncent depuis plusieurs années les conditions de travail sur les chantiers de la Coupe du monde au Qatar. Amnesty International décompte plusieurs milliers de morts de travailleurs migrants en raison des conditions de travail. L’ONG dénonce des pratiques confinant au travail forcé. Elle a recueilli de nombreux témoignages sur les pratiques des employeurs sur place et les atteintes au droit du travail, telles que des journées de travail à rallonge, le non-respect des jours de repos, des sanctions arbitraires, des conditions d’hébergement insalubres, etc. Amnesty, avec d’autres associations, a demandé au président de la Fifa de mettre en place un programme d’indemnisation des victimes, mais n’a pas obtenu gain de cause. En France, une filiale du groupe Vinci vient d’être mise en examen pour ses chantiers au Qatar suite à une plainte de Sherpa.
Un bilan carbone teinté de greenwashing
Promis, juré, le bilan carbone de la Coupe du monde sera neutre. C’est en tout cas ce qu’affirment le Qatar et la Fifa, malgré la construction de stades en plein air climatisés, les chantiers pharaoniques et les nombreux vols navette en avion nécessaires pour faire venir les supporters. La solution, pour les organisateurs, repose essentiellement sur la compensation carbone, des mécanismes décriés d’autant que les crédits carbone prévus pour la Coupe du monde ne reposent pas sur des standards internationaux. Plusieurs plaintes ont été déposées en Europe par Notre affaire à tous contre la Fifa pour publicité mensongère afin de dénoncer le greenwashing entourant la manifestation sportive.
Les droits civils bafoués par les autorités
Les autorités du Qatar ont certifié que les personnes LGBT+ ne subiraient pas de discriminations pendant la Coupe du monde, alors que l’homosexualité est toujours punie par la loi dans l’émirat. Mais la promesse est bien loin de rassurer les associations. Human Rights Watch a encore recensé en octobre dernier des arrestations et des maltraitances envers des personnes LGBT. La Fifa et les différentes équipes nationales marchent également sur des œufs sur le sujet. Alors qu’elle avait adhéré à l’initiative One Love, qui incite les capitaines d’équipe à porter un brassard arc-en-ciel pendant les matchs, la France a fait marche arrière. La Fédération française juge peu opportun d’afficher le logo LGBT au Qatar.
Soupçons de corruption sur l’attribution de la Coupe du monde
L’attribution elle-même de la Coupe du monde à l’émirat fait controverse, un pays jusque-là peu connu pour ses performances en football. Plusieurs pays enquêtent sur l’affaire qui est désormais appelée le "Qatargate". Le Parquet national financier français a mené une enquête de 2016 à 2019 sur les conditions de cette attribution et ouvert une information judiciaire en 2019, toujours en cours. Pour le moment, aucune mise en examen n’a été prononcée par la justice française. Les soupçons portent notamment sur le rachat du club Paris Saint-Germain par Qatar Sport Investissement, qui aurait pu être une contrepartie de l’attribution de la Coupe du monde au Qatar.
Arnaud Dumas, @ADumas5