Publié le 11 avril 2017
SOCIAL
Google accusé de discrimination "extrême" à l’égard des femmes
Le département du Travail américain, qui poursuit actuellement Google en justice, affirme que le géant d’internet mène une discrimination "extrême à l’égard des femmes". Il constate des "disparités systémiques" de rémunérations entre les sexes. Google réfute ses accusations mais pourrait perdre son accès aux marchés publics. Le fonds d'investissement Arjuna Capital a promis de soumettre une résolution sur l'égalité salariale lors de la prochaine assemblée générale de Google en juin.

Pixabay
Des "disparités systémiques" de rémunération entre les femmes et les hommes. C’est ce qu’a constaté le département du Travail américain en enquêtant sur les pratiques de Google en 2015. "L’analyse du gouvernement, à ce stade, indique que la discrimination à l’égard des femmes chez Google est assez extrême", précise même Janet Herold, avocate du département du Travail (DoL), auditionné par le tribunal de San Francisco le 6 avril.
Depuis janvier 2017, Google est poursuivi par le DoL. C’est dans ce cadre que les allégations de discriminations ont émergé. Sous contrat avec le gouvernement fédéral, le groupe avait pour obligation de rendre accessible aux enquêteurs du ministère plusieurs données sur ses employés, et notamment sur les écarts de rémunérations entre les sexes. Or, selon le ministère, Google a refusé de fournir ces données.
Perte des marchés publics
Depuis le dépôt de plainte, Google affirme avoir transmis "des centaines de milliers de documents" mais assure que les demandes faites par le département du Travail violent la vie privée des employés.
Concernant les accusations de discriminations, le groupe s’est dit "surpris par cette affirmation, qui ne se base sur aucune donnée ni méthodologie". Il assure même avoir "comblé le fossé salarial entre les sexes". "Chaque année, nous faisons une analyse détaillée des salaires par sexe, et nous n’avons trouvé aucune différence", précise le groupe. Une analyse "détaillée" que Google n’a pourtant jamais rendu public.
Les dernières données publiées montrent que le groupe employait, en août 2016, 31% de femmes contre 69% d’hommes. La proportion de femmes chez les techniciens était alors de 21%. Et de 24% pour les postes de direction.
Si Google persiste à ne pas communiquer les données demandées, les avocats du ministère affirment qu’ils demanderont au tribunal d’annuler tous les contrats fédéraux du groupe et de bloquer toute activité future avec le gouvernement, conformément à la loi.
Demande d’audit des investisseurs
Le fonds d'investissement Arjuna Capital a promis de soumettre, le 7 juin, lors de la prochaine assemblée générale de la maison mère de Google, Alphabet, une résolution sur l'égalité salariale. Ce vote "constitue un défi dans la mesure où un pourcentage particulièrement élevé des actions de la compagnie est entre les mains de ses managers et fondateurs, qui sont très majoritairement des hommes blancs", explique Arjuna Capital.
Déjà, en juin 2016, il avait demandé à Alphabet, de publier un rapport sur les écarts salariaux pour que "les investisseurs puissent évaluer la stratégie de l’entreprise, sa performance concernant l’écart de rémunération en pourcentage entre les employés masculins et féminins, ses politiques visant à combler cette lacune et les objectifs de réduction".
Réponse d’Alphabet ? Non. Car "notre conseil d’administration ne croit pas que cette proposition renforcera l’engagement existant d’Alphabet à favoriser une culture équitable et inclusive". L’entreprise arguant, comme aujourd’hui, que "des analyses sur l’égalité salariale sont déjà effectuées régulièrement".
Lors de cette même réunion un actionnaire de Google avait interpellé Ruth Poirat, directrice financière de Google, "une des plus puissantes dirigeantes de Wall Street" selon Forbes, "Lady CFO". Provoquant la fronde des employées de Google, qui décidaient, quelques jours plus tard, de changer leur signature électronique et le nom de leur poste dans le répertoire de l’entreprise en devenant "Lady System Engineer" ou "Lady Peoples Analyctics Manager". Deux jours de "Lady Day" avaient été proclamés.
*Mise à jour le 12 avril à 18h