Sortant de son silence, le PDG de Lactalis a promis que 12 millions de produits issus de son usine de Craon (Mayenne) vont être récupérer. Le patron du groupe a affirmé avoir lui-même proposé au gouvernement cette mesure qui s’étend à 83 pays. Il explique qu’ainsi, les distributeurs n’auront plus à trier. "Ils savent qu’il faut tout retirer des rayons".
Sortant de son silence, le PDG de Lactalis a promis de plus d’indemniser "toutes les familles qui ont subi un préjudice" en raison d’une contamination à la salmonelle de produits du géant français du lait. Dans un entretien au Journal du Dimanche, Emmanuel Besnier, qui ne s’était jusqu’ici pas exprimé au sujet de l’affaire ébranlant son entreprise, a assuré avoir eu avant tout à l’esprit les conséquences de cette crise sanitaire pour les consommateurs, "des bébés de moins de six mois" : "c’est pour nous, pour moi, une très grande inquiétude".
Après la rencontre vendredi à Bercy entre Emmanuel Besnier et le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, Lactalis avait ordonné la reprise de tous les lots de lait infantile produits dans son usine de Craon (Mayenne), élargissant encore les rappels successifs lancés depuis début décembre.
Trente-sept enfants atteints de salmonellose ont été diagnostiqués en France après avoir consommé un lait ou un produit d’alimentation infantile de l’usine Lactalis incriminée, selon les derniers chiffres officiels au 12 janvier. Un cas de salmonellose avéré a aussi été découvert en Espagne concernant un bébé ayant consommé de ce lait infantile contaminé et un autre cas reste à confirmer en Grèce.
Plaintes pour blessures involontaires
Interrogé sur les "centaines" de plaintes déposées par des parents de nourrissons dans toute la France, et alors qu’une enquête préliminaire a été ouverte fin décembre par le pôle santé publique du parquet de Paris notamment pour "blessures involontaires" et "mise en danger de la vie d’autrui", le PDG a assuré qu’il ne cacherait rien.
"Il y a des plaintes, il y aura une enquête, nous collaborerons avec la justice en donnant tous les éléments qu’on nous demandera. Nous n’avons jamais pensé agir autrement", a-t-il promis. Dimanche, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a assuré que "l’enquête n’épargnera personne", y compris l’Etat qui "prendra sa part de responsabilité", notamment en raison de la présence de boîtes de lait infantile potentiellement contaminées dans des hôpitaux.
La contamination à la salmonelle dans l’usine de Craon avait été révélée début décembre. Selon l’entreprise, les résultats des analyses situent le problème "probablement" au cours du premier semestre 2017. Or, au premier trimestre, "nous avons fait des travaux dans cette usine. À cette occasion, la bactérie peut avoir été réintroduite à l’intérieur des installations", a-t-il suggéré.
Les distributeurs, dont certains ont continué à vendre des produits potentiellement contaminés après l’annonce de leur retrait, avaient déjà été convoqués à Bercy jeudi soir. Le patron des centres E.Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, a évoqué jeudi une "défaillance" des services de l’Etat.
"Aujourd’hui, nous nous concentrons sur nos responsabilités et pas sur celles des autres", a répondu le patron de Lactalis, qui n’a pas voulu désigner de responsables. "Notre métier, c’est de mettre des produits sains sur le marché", a-t-il affirmé. "Si cela n’a pas été le cas, c’est notre responsabilité", a-t-il reconnu, soulignant toutefois qu’à son sens, "il n’y a pas eu de manquements de notre part sur les procédures".
Ludovic Dupin avec AFP
Publié le 14 janvier 2018
Face à la crise qui menace de mettre à genoux l’entreprise Lactalis après la découverte de contamination à la salmonelle dans du lait infantile, le PDG sort l’artillerie lourde. Il annonce le rappel de 12 millions de produits issus de l’usine de Craon en Mayenne. L’entreprise va indemniser aussi toutes les familles touchées.
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