"C’est un énorme pas en avant" se réjouit Bas Van Abel, le créateur néerlandais à l’origine du Fairphone, ce téléphone modulaire et équitable conçu pour durer longtemps. Il a fait le voyage jusqu’à Paris pour officialiser la mise à disposition de son produit dans les plus grands magasins Orange de France. Dès ce jeudi 28 septembre, 85 boutiques de l’opérateur vont proposer à la vente – et en exclusivité jusqu’à la fin de l’année - le Fairphone 2. Une première !

Jusqu’à présent, le téléphone pouvait seulement être commandé en ligne. Même ainsi, il avait déjà ses adeptes en France puisque l’Hexagone constitue le second marché pour la marque. Au niveau européen, ce sont plus de 135 000 consommateurs qui ont choisi le Fairphone.

"Nous avons signé avec Orange un partenariat puissant afin d’augmenter l’impact de nos actions respectives en France, et changer d’échelle", commente Bas van Abel. "En passant à la vitesse supérieure nous pourrons démontrer qu’il existe de vraies pistes pour une électronique plus éthique. Plus qu’un partenariat, cet accord témoigne du besoin et de la nécessité des grands acteurs et des plus petits de travailler ensemble malgré leurs différences pour faire avancer une cause commune".

Durabilité et transparence

La particularité de Fairphone est qu’il a été conçu pour durer. Ce qui n’est pas anodin à un moment où les consommateurs sont de plus en plus confrontés à l’obsolescence programmée. "Un portable qui dure deux fois plus de temps, c’est deux fois moins de ressources prélevées, explique Bas Van Abel. Et plutôt que de lancer un nouveau téléphone, nous venons de lancer un nouveau module d’appareil photo à remplacer sur son téléphone actuel".

Le format en kit des Fairphones apporte de la souplesse et permet de faciliter les réparations en cas de problème. La batterie et l’écran par exemple peuvent être facilement remplacés par l’utilisateur en quelques minutes. "C’est une sorte de téléphone ‘lego’ très facile à démonter. Les pièces pourront être commandées en ligne sur notre site et le client pourra réparer son mobile en toute autonomie, avec l'aide de nos conseillers si besoin", explique Michel Jumeau, directeur marketing chez Orange France.

Sur le plan social et environnemental, Fairphone travaille à la maîtrise de sa chaîne d’approvisionnement alors qu’un portable compte une quarantaine de minerais différents. Fairphone bannit ainsi les minerais du conflit et utilise de l’or issu du commerce équitable. Un travail de longue haleine mais qui constitue la principale innovation pour la marque dans un marché où tous les téléphones offrent les mêmes fonctionnalités.

Une première expérience ratée avec Fairphone 1

L’objectif pour Orange est d’atteindre plusieurs milliers de ventes avec le Fairphone et de séduire une nouvelle clientèle sensibilisée aux questions environnementales et éthiques. Mais le pari est risqué pour l’opérateur. Fairphone 1, lancé en mai 2013, avait suscité beaucoup d’espoirs finalement déçus. Le téléphone vient d’être arrêté car les réparations ne peuvent plus être prises en charge par la firme en raison du coût trop élevé des pièces détachées. "Mais nous avons appris de nos erreurs passées", assure Bas Van Abel.

Le Fairphone 2, lancé en juillet 2015, a été conçu différemment. "Cette fois, nous avons entièrement conçus l’appareil, ce qui nous permet non seulement d’améliorer sa durée de vie et sa réparabilité, mais aussi la capacité de Fairphone à sélectionner des fournisseurs proches de ses valeurs", expliquait Laura Gerritsen, en charge de la chaîne d’approvisionnement de Fairphone, dans une interview à Novethic.

Quant aux rumeurs sur un éventuel Fairphone 3, elles ont été balayées par le fondateur qui assure se concentrer sur les améliorations à apporter au 2 et travailler sur un approvisionnement en or équitable en Ouganda.

Pour Orange, ce partenariat s’inscrit dans le cadre de sa stratégie de développement durable. L’opérateur mise sur le recyclage des appareils avec déjà 10 millions de téléphones collectés depuis 2010. "On veut continuer à être précurseurs et faire référence sur ces sujets environnementaux" conclut Michel Jumeau. 

Concepcion Alvarez, @conce1