Publié le 20 janvier 2021
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Le Royaume-Uni, les États-Unis et le Canada bannissent les importations liées au travail forcé des Ouïghours
Alors que les soldes débutent en France, le rôle des géants du textile dans l'exploitation des Ouïghours en Chine est de plus en plus questionné. Si l'Europe reste pour l'instant en retrait, trois pays, le Royaume-Uni, les États-Unis et le Canada ont annoncé bloquer l'importation de coton et de tomates provenant du Xianjiang, région chinoise accusée d'abriter des camps de travail forcé.

ALI ATMACA / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP
Trois puissances mondiales ont pris les devants. Les 12 et 13 janvier, les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada ont communiqué leur volonté de bloquer les importations chinoises soupçonnées de recourir au travail forcé de la minorité musulmane Ouïghour. Les États-Unis, qui accusent Pékin de "génocide" ont annoncé vouloir interdire l'importation de marchandises contenant des fibres de coton ou des tomates, y compris les conserves et les sauces, cultivés dans la région. A la fin de l'été, le pays avait déjà sanctionné la Chine en appliquant des restrictions sur une série de produits, comme des pièces informatiques.
Le Royaume-Uni a évoqué la mise en place de sanctions financières aux entreprises ne parvenant pas à démontrer que leur approvisionnement n’est pas lié au travail forcé dans le Xinjiang. Pour justifier cette décision Dominic Raab, secrétaire d'État aux Affaires étrangères britannique, a évoqué devant les députés des "violations inacceptables des droits humains" et un "devoir moral" de réagir. Les entreprises canadiennes devront, quant à elles, signer une "déclaration d'intégrité".
Un engagement pour les droits humains
Des annonces qui ne sont pas au goût du Pékin. La porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, Zhao Lijian a dénoncé des mesures "basées uniquement sur la désinformation", en niant la présence de camps de travail Ouïghours.
Mi-décembre, une étude réalisée par l’anthropologue allemand Adrian Zenz a pourtant démontré, en s’appuyant sur des preuves officielles chinoises, l'existence d'un programme de "travail forcé" d’au moins un demi-million de Ouïghours dans la région du Xianjiang au sein de camps dits de "rééducation politique" ou de "formation professionnelle".
L’Union européenne reste frileuse
L’Union européenne est quant à elle restée discrète. La question des droits humains avait été mise sur la table en décembre dernier, au cours des discussions dans le cadre de l’accord sur les investissements en négociations avec la Chine. L’Europe avait seulement obtenu une promesse chinoise de ratifier les conventions de l’Organisation internationale du travail.
En France, le sujet est sensible. L’enseigne Zara a cristallisé les tensions le 19 janvier sur le réseau social Twitter où les internautes ont accusé la marque de se fournir dans les camps de travail Ouïghours. La maison mère de Zara, Inditex, continue de démentir les attaques et a indiqué "ne pas avoir de relations directes ou indirectes avec aucune usine du Xinjiang".
Pauline Fricot, @PaulineFricot