Publié le 14 décembre 2022
SOCIAL
Royaume-Uni : de nouveaux mouvements sociaux contre la vie chère
Le ton se durcit au Royaume-Uni. Plusieurs organisations syndicales ont appelé à la grève d’ici la fin du mois de décembre, à commencer par les cheminots depuis le 12. Ils seront rejoints par les postiers, les infirmières, les ambulanciers, ou encore les douaniers. Ils protestent contre la forte hausse du coût de la vie, notamment des prix de l’énergie et de l’alimentaire, alors que les salaires dans la fonction publique et parapublique ne suivent pas. Le gouvernement de Rishi Sunak reste fermé à de trop fortes augmentations, ce qui laisse présager un hiver très tendu.

@Daniel Leal / AFP
La fin du mois de décembre se révèle tendue au Royaume-Uni. Plusieurs mouvements de grève, touchant de nombreux secteurs publics, sont en train d’émerger pour cette fin d’année. Près d’un million de travailleurs britanniques devraient ainsi faire grève d’ici le 31 décembre pour protester contre la hausse du coût de la vie et la stagnation des salaires. Le Royaume-Uni a en effet connu un taux d’inflation dépassant les 11% sur un an, selon les chiffres d’octobre.
Les salaires, au contraire, ne sont pas orientés à la hausse. Selon une étude de Trades union congress (TUC), les salaires réels (c’est-à-dire prenant en compte l’évolution du coût de la vie) ont reculé de 3% en 2022, soit la plus forte baisse enregistrée depuis la fin des années 70. Pour l’organisation fédérant les syndicats britanniques, les salariés britanniques ont été "poussés à bout par des années d’austérité sur les salaires" et c’est ce qui explique les mouvements sociaux de cet été, qui reprennent en cette fin de l’année.
Des augmentations face à l’inflation
Plusieurs organisations syndicales ont ainsi appelé à faire grève. Cheminots, postiers du Royal Mail, des personnels de l’aéroport d’Heathrow ou de l’Eurostar, les douaniers, et de nombreuses professions médicales prévoient ainsi de débrayer plusieurs jours d’ici la fin de l’année. Les cheminots des sociétés de transport ferroviaires ont lancé le mouvement, en arrêtant le travail dès le 12 décembre. Des votes devraient par ailleurs aboutir au mois de janvier chez les pompiers et les enseignants, ce qui peut faire craindre d’autres grèves en début d’année.
Ces salariés de la fonction publique demandent au gouvernement de Rishi Sunak des augmentations de salaires pour faire face à l’inflation. Selon l’étude du TUC, ces salariés sont ceux qui ont été le plus impactés par la hausse du coût de la vie. Ils ont perdu en moyenne 180 livres de salaire réel par mois cette année, contre une perte moyenne de 76 livres pour les salariés du privé.
Le gouvernement adopte de son côté une tactique de fermeté, faisant porter sur les grévistes la responsabilité des disruptions de service public dans le pays. "Le gouvernement fera tout ce qu’il pourra pour minimiser les perturbations, mais la seule manière de les arrêter complètement c’est que les syndicats reviennent à la table des négociations et annulent ces grèves", a déclaré le Premier ministre Rishi Sunak, cité par The Guardian.
Blocage d’une proposition des sociétés ferroviaires
Mais les négociations avec les grévistes peinent à avancer, le gouvernement ne voulant pas accorder de trop importantes hausses de salaires de peur de renforcer l’inflation. Quelques jours avant la grève des trains du 12 décembre, il a ainsi bloqué une proposition faite par les sociétés de transport ferroviaire d’une augmentation de 10% des salaires, en la réduisant à 8%. Ce qui a fortement déplu aux syndicats qui ont rejeté la nouvelle proposition.
L’hiver s’annonce donc difficile sur le front social au Royaume-Uni. Les hausses de prix affectent les populations les plus vulnérables, des sondages de la Food standards agency ayant révélé en octobre que 30% des Britanniques déclaraient devoir sauter des repas en raison du coût des aliments. Le mouvement "Don’t Pay", né il y a quelque mois, continue à inciter les citoyens à ne pas payer leur facture énergétique pour protester contre les fortes hausses. En décembre, près de 260 000 personnes ont ainsi signé l’engagement à ne pas payer leur facture du mois, pour demander notamment un arrêt immédiat de la hausse des prix et un tarif social pour les plus pauvres.
En France, des grèves sont aussi annoncées dans les transports à l'approche des fêtes de fin d'année. À la SNCF, les négociations se déroulent tous azimuts pour éviter le scénario catastrophe. Les syndicats dénoncent les pénuries de personnel qui dégradent les conditions de travail des agents de conduite et critiquent le choix de la direction de baisser le nombre de formations. Dans l'aérien, le conflit entre la direction d'Air France et une partie des syndicats d'hôtesses et stewards semble bien enlisé. À ce stade, difficile d'imaginer l'Unac et le SNGAF, qui à eux deux représentent un peu plus de 50% des personnels navigants commerciaux (PNC), lever leur préavis de grève qui court du 22 décembre au 2 janvier.
Arnaud Dumas, @ADumas5