Publié le 14 octobre 2020
SOCIAL
[Révolution au travail] Ces entreprises où les bureaux sont en voie de disparition
Le Covid-19 bouscule le monde du travail et force les entreprises à repenser leur organisation. Chaque semaine, nous vous proposons de découvrir des organisations pionnières qui ont adopté une nouvelle culture managériale. Aujourd'hui, nous sommes allés à la rencontre de ces entreprises qui ont décidé de se passer de bureaux, ou qui les ont fortement réduits, au profit du télétravail. C’est le dernier épisode de notre série.

iStock
Qu’avez-vous fait ce week-end ? Quel est le plan de votre journée ? Avez-vous des contraintes pour travailler aujourd’hui ? "Chaque matin, chaque salarié est invité à répondre à trois questions sur Slack (une plateforme de communication, NDR), cela permet de se donner des nouvelles. Je lis ça en prenant mon café", raconte Claire Lambert, responsable de la communication chez Fizzer, une startup qui crée des cartes postales en ligne. "Au début, j’ai eu besoin d’un temps d’adaptation. Quand on passe huit heures derrière son ordinateur mais que personne ne le voit, on s’interroge. Mais j’ai vite compris que c’est le résultat qui compte et non pas la présence", poursuit la trentenaire.
Comme beaucoup de jeunes pousses, Fizzer a opté pour le 100 % télétravail dès le départ et s’est vite débarrassé de ses locaux en banlieue parisienne, trop onéreux. L’entreprise, née en 2014, compte désormais 23 salariés, dont un ingénieur à Bali, un développeur web au Canada, l’un des fondateurs en Pologne, beaucoup de provinciaux mais aussi de voyageurs. Différentes réunions à distance ont lieu chaque semaine et un café virtuel est organisé tous les mardis pendant une heure avec des petits groupes formés de façon aléatoire. La consigne : parler de tout sauf du travail.
60 % des entreprises envisagent le télétravail
"Finalement, je n’ai jamais eu autant d’interactions avec mes collègues que chez Fizzer", explique Claire Lambert, qui est installée en Savoie près de sa famille mais qui voyage dès qu’elle le peut. "C’était important pour moi de trouver un poste en télétravail pour pouvoir partir sans forcément attendre mes congés. L’autre aspect positif, c’est que je m’arrête de travailler quand je ne suis plus productive et je me reconnecte plus tard. Nous sommes complètement libres là-dessus. La transition est bien plus facile que ce que l’on imagine."
Avec le Covid-19, cette transition a été forcée pour quelque cinq millions de salariés. Et 60 % des entreprises envisagent désormais d’avoir plus d’un quart de leurs salariés en télétravail, avec une moyenne de deux jours par semaine. Outre l’intérêt pour le salarié, qui gagne en équilibre de vie et en temps, l’externalisation de l’espace de travail pourrait permettre d’économiser jusqu’à 40 % des postes sur site et réduire l’absentéisme.
À l’opposé, certains employeurs craignent un isolement des salariés, la perte de l’esprit d’équipe et de l’appartenance à l’entreprise, une baisse de créativité et d’innovation. IBM, entreprise pionnière du genre, a fait marche arrière vingt ans après avoir décrété le travail à distance pour 40 % de ses salariés parce qu'il avait tué la créativité, explique la firme américaine. Alors, à défaut de disparaître totalement, les bureaux devront a minima s’adapter : moins de postes individuels et plus d'espaces de travail collaboratif.
"Souvent, ce n'est pas le bureau le problème"
Plutôt que de se passer totalement de bureaux, LiveMentor, qui propose des formations en ligne, a opté pour l’ouverture d’un "hub" en région afin de plus être polarisé uniquement à Paris. Après consultation, le choix s’est porté sur Aix, avec des bureaux partagés dans un espace de coworking, où les salariés viennent quand ils le souhaitent. "Nous sommes désormais 25 à Paris, et 20 à Aix, explique Anaïs Pretot, l’une des cofondatrices, partie s’installer dans le Sud, où elle arrive à mieux concilier son travail et sa passion pour l’équitation.
"Cela nous a permis de faire d’importantes économies en divisant par deux nos frais de bureau, poursuit-elle. C’est aussi beaucoup plus facile de recruter en province où le niveau de vie est moins élevé et où les opportunités sont nombreuses. Finalement, nous avons assez peu de salariés en 100 % télétravail. Les jeunes recrues notamment avaient ce souhait d’être rattachés à un groupe. Souvent ce n'est pas le bureau le problème, mais les pratiques managériales parfois trop rigides."
Concepcion Alvarez @conce1