Publié le 16 septembre 2020
SOCIAL
[Révolution au travail] Ces entreprises où il fait bon être parents
Le Covid-19 bouscule le monde du travail et force les entreprises à repenser leur organisation. Chaque semaine, nous vous proposons de découvrir des entreprises pionnières qui ont adopté une nouvelle culture managériale. Aujourd'hui, nous sommes allés à la rencontre de celles qui intègrent la parentalité avec bienveillance en multipliant les aménagements et en rallongeant les divers congés. Il s’agit de garantir l’égalité professionnelle et un meilleur équilibre vie privée - vie personnelle.

@JelenaDanilovic
"Pour la naissance de mon second enfant, j’ai pu bénéficier de dix semaines de congé parentalité contre seulement 14 jours pour mon premier. J’ai pu prendre mes marques, accueillir au mieux l’enfant et surtout aider un peu plus ma femme", raconte Sébastien Scholler, directeur produits vie chez Aviva. "Côté professionnel, j’ai été un peu mal à l’aise car j’étais devenu manager depuis à peine huit mois et que j’accueillais à ce moment-là une nouvelle collaboratrice jeune diplômée. Mais tout s’est bien passé, le climat étant naturellement bienveillant."
En 2017, Aviva devenait la première entreprise à offrir dix semaines de congé parentalité à l’autre parent, homme ou femme, en cas de naissance ou d’adoption, tout en bénéficiant des mêmes droits qu’en situation de travail (rémunération, congés, RTT, ancienneté, protection sociale). À titre de comparaison, la durée légale du congé maternité est de 16 semaines. En 2019, 98 % des salariés éligibles avaient bénéficié du congé parentalité. "Notre objectif est ainsi de promouvoir l’égalité professionnelle et l’équilibre vie personnelle-vie professionnelle" explique Sylvie Chartier-Gueudet, directrice Inclusion et bien-être.
Un outil de performance
Le terme de "parentalité" est apparu en 2008 avec la Charte de la parentalité suivie de la création l’Observatoire de la parentalité en entreprise, devenu depuis l'Observatoire de la Qualité de Vie au Travail. "À l'époque, c’était un néologisme pour beaucoup d’entreprises, se souvient Jérôme Ballarin, son président. Mais aujourd’hui, parler de sa situation de parent est devenu plus facile qu’il y a quinze ans. La parentalité est désormais dans toutes les politiques de ressources humaines. Le salarié est vu comme un être ayant une pluralité de sphères et pour les entreprises les plus avancées, s’adapter à cet équilibre est considéré comme un outil de performance."
C’est notamment le cas de L’Oréal, l’une des entreprises pionnières sur le sujet. Dès la fin des années 60, le groupe leader des cosmétiques accordait un mois supplémentaire de congé aux mamans. Dans les années 70, il adopte les "mercredis mère de famille", devenu entre-temps "mère et père de famille". Ce dispositif permet aux salariés de bénéficier d’un temps partiel (allant d’une demi-journée à quatre journées d’absence par mois) jusqu’aux 15 ans de l’enfant. Une sorte de congé parental allongé, alors que la durée légale ne s’étend que jusqu’aux trois ans de l’enfant.
L’année dernière, l’entreprise a souhaité aller plus loin en offrant un congé paternité de six semaines à ses collaborateurs, avec maintien du salaire à 100 %. "Notre conviction profonde c’est qu’un salarié épanoui familialement, à qui on permet de vivre pleinement les moments forts de sa vie, sera plus engagé, performant et reconnaissant. Quand on accorde un avantage, cela se répercute tant sur la performance individuelle que sur la performance collective", assure Emmanuelle Lièvremont, directrice Santé et Qualité de vie au travail chez L’Oréal.
Révolution culturelle
Et il n’y a pas que les grands groupes qui choient leurs salariés parents. Chez BearingPoint, une société de conseil qui compte 1 000 consultants en France, une multitude de mesures vont aussi dans le sens d’une meilleure prise en compte de la parentalité : télétravail généralisé pour les femmes enceintes et au retour du congé maternité, forfaits jours réduits, places en crèches, maintien des primes, congés parentaux allongés. "J’ai été promue au moment où j’ai eu ma deuxième fille et cela ne m’a pas empêché de prolonger mon congé maternité", témoigne Axelle Paquer, associée et membre du Comex. "Les salariés ne doivent pas s’interroger entre travailler chez nous et avoir une vie de famille. Les deux doivent aller de pair", ajoute-t-elle.
Pour tous, cela repose sur une culture de l’entreprise basée sur la confiance, que les entreprises ont de gré ou de force été amenées à développer ces derniers mois face au Covid-19 et à la généralisation du télétravail. "La crise encourage une écoute plus attentive des managers et une meilleure prise en compte des contraintes des parents, ce qui peut favoriser à terme une meilleure prise en charge de la parentalité. Au-delà, il s'agit d'opérer une révolution pour passer d’une culture du présentéisme à une culture de l’efficacité et de la confiance", conclut Jérôme Ballarin.
Concepcion Alvarez @conce1