Publié le 24 novembre 2020

SOCIAL

Le télétravail, un "héritage positif" du Covid-19 qui devrait perdurer après la crise

Les salariés n'ont jamais été aussi nombreux à télétravailler avec la crise sanitaire. Si le Covid-19 a donné un coup d'accélérateur, Jean Castex espère que cette pratique "survivra à la pandémie". Il a ainsi demandé aux organisations patronales et syndicales de négocier un accord sur le sujet. Alors que plusieurs points s'avèrent épineux, les entreprises, elles, prennent les devants. 

Teletravail Jean Castex LE O PIERRE HANS LUCAS HANS LUCAS VIA AFP
Jean Castex veut que le télétravail soit un "héritage positif" de la pandémie.
LéoPierre/HansLucas/AFP

Le télétravail a été un outil majeur dans la lutte contre la pandémie. Et il devrait le rester encore un moment. Le gouvernement, qui ne veut pas reproduire un déconfinement brutal comme ce fut le cas en mai, compte en effet pousser les entreprises à poursuivre cette pratique, à 100 % quand c’est possible, au moins jusqu’aux vacances de Noël. Emmanuel Macron pourrait évoquer le sujet mardi soir lors de son allocution. 

Et cette pratique pourrait perdurer au-delà de la pandémie. C’est en tout cas le souhait du Premier ministre. "Le télétravail pourrait être un héritage positif de cette crise si grave", a avancé Jean Castex le 17 novembre devant les Parlementaires. "Mon vœu c’est que le télétravail survive à cette pandémie", a-t-il déclaré. La Covid-19 a en effet mis un coup d’accélérateur à cette pratique dans les entreprises. 

Un encadrement nécessaire

Lors de ce deuxième confinement, entre le 4 et le 8 novembre, les autorités ont constaté que 45 % des salariés du privé étaient en télétravail en moyenne 3,7 jours par semaine. Les entreprises ont certes été poussées par le gouvernement qui a rendu ce mode de travail "obligatoire" selon la ministre Élisabeth Borne, mais la dynamique pourrait bien être lancée. Reste à l’encadrer. Dans cette perspective, Jean Castex a demandé aux organisations patronales et syndicales en juillet dernier de préparer des négociations. Celles-ci sont toujours en cours, mais s’avèrent difficiles. 

"Nous voulons un accord contraignant et le patronat veut simplement un guide des bonnes pratiques", analyse dans Le Parisien Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT. Il veut par exemple des règles sur le temps de travail, le droit à la déconnexion ou encore l’indemnisation des repas. Le patronat a fait un pas en avant dimanche 22 novembre : il a reconnu la responsabilité de l’employeur en cas d’accident du travail alors qu’il le refusait jusqu’ici.

Le Covid-19, un tournant 

Aujourd’hui, un tiers de télétravailleurs bénéficient d’un cadre réglementaire. Sur les bancs de l’Assemblée, la députée Paula Forteza espère accélérer la cadence. Dans une tribune au JDD, elle appelle à considérer le télétravail "comme une évolution pérenne des modalités de travail". Elle propose que tous les travailleurs qui en font la demande "puissent avoir, demain, le droit à au moins deux journées de télétravail par semaine". Pour cela, elle compte s’appuyer sur la loi inspirée sur les recommandations de la Convention citoyenne pour le climat dont le Parlement va bientôt se saisir. Il s'agit de s'appuyer sur l’impact positif sur l’environnement de ce mode de travail.

En attendant, certaines entreprises prennent les devants. Le groupe Suez vient en effet de conclure un texte avec les partenaires sociaux permettant aux salariés deux jours de travail hors période de crise. Le retour d’expérience, positif, du télétravail lors du confinement a marqué un vrai tournant. "Nous n’aurions jamais signé cet accord-là, maintenant, sans l’expérience du confinement du printemps dernier", reconnaît pour l’Usine Nouvelle Isabelle Calvez, directrice des ressources humaines du groupe Suez.

Marina Fabre, @fabre_marina


© 2023 Novethic - Tous droits réservés

‹‹ Retour à la liste des articles

SOCIAL

Conditions de travail

Santé et sécurité au travail sont deux dimensions importantes de la RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises). Dans les usines du monde, les conditions de travail sont souvent très difficiles. Les consommateurs prennent progressivement conscience du coût humain auquel sont obtenus les produits qu’ils achètent.

Accidents du travail istock

Deux morts par jour en France : les accidents du travail, une "hécatombe invisible"

Alors que trois millions de personnes meurent chaque année dans le monde à cause du travail, la France fait figure de mauvais élève en Europe. Entre un décompte lacunaire, le sous-effectif des inspecteurs du travail, des sous-traitants sous pression et une moindre protection des salariés, les...

Greve ouvriers Bangladesh Dhaka novembre 2023 MUNIR UZ ZAMAN AFP

Zara, Gap, Levi's... Derrière la grève historique des ouvriers au Bangladesh, le prix dérisoire de nos vêtements

Ce sont des grèves historiques qui ont traversé les usines de textiles au Bangladesh. 600 d'entre elles ont ainsi été fermées pendant plusieurs jours à la suite de manifestations de milliers d'ouvriers qui réclament un triplement de leur salaire aujourd'hui plafonné à 70 euros par mois. Les usines...

Accenture greve

Conférence sociale sur les bas salaires : l'entreprise de conseil Accenture touchée par une grève inédite

Syndicats et organisations patronales doivent se rencontrer ce lundi 16 octobre autour de la Première ministre Elisabeth Borne pour une conférence sociale sur les bas salaires. Le sujet cristallise les tensions alors que l'inflation continue de grignoter le pouvoir d'achat des salariés. Une...

Licenciements intelligence artificielle Istock

Onclusive licencie la moitié de ses salariés français pour les remplacer par une intelligence artificielle

L’annonce a fait l’effet d’une bombe. Le spécialiste des relations presse Onclusive a annoncé mi-septembre le licenciement d’une partie des salariés de sa branche française. En cause : l’automatisation de certaines tâches et le déploiement de l’intelligence artificielle qui devraient, à terme,...