Publié le 19 août 2022
SOCIAL
Le congé de respiration, l’initiative d’Orange pour redonner de l’air aux salariés
Face au nouveau rapport au travail, qui s’est renforcé pendant les confinements au plus fort de la pandémie, des grands groupes testent des dispositifs pour regagner les faveurs de leurs salariés. Orange a ainsi mis en place un congé de respiration, qui permet à ses employés expérimentés de partir de trois à douze mois pour réaliser un projet hors du groupe, tout en étant rémunéré. Un moyen, pour Orange, de leur permettre de s’aérer et de revenir avec de nouvelles idées pour la pratique de leur métier.

@Orange
Grande démission, détravail, quête de sens… Alors que de nombreuses entreprises peinent à recruter et à motiver leurs salariés, des initiatives inédites voient le jour pour tenter de leur donner une bouffée d’air frais. Orange teste ainsi un congé de respiration depuis le début de l’année qui doit permettre, le temps de quelques mois, aux salariés de sortir de l’entreprise pour s’aérer les neurones. Pour sa première année, le groupe a ouvert 250 places à ses quelques salariés cadres et non cadres, 70 ont manifesté leur intérêt.
Ni un congé sabbatique, puisque les volontaires conservent une partie de leur salaire, ni un congé tout court, puisqu’ils doivent présenter un projet pour justifier leur absence, cette formule proposée par le groupe de télécom vise en fait à permettre de développer de nouvelles compétences. Inscription à l’université, projet de formation, projet associatif ou encore soutien à une start-up ou une PME, les types de projet sont variés. Ils ne doivent pas être en lien avec leur métier, mais doivent permettre d’ouvrir leur regard sur leur pratique, et durer entre trois et douze mois. Une commission valide les dossiers présentés par les candidats.
Lutter contre le turnover
Ce congé de respiration est adressé aux personnes en milieu de carrière. Les volontaires doivent justifier d’au moins dix années de présence dans le groupe et une année dans le même poste. Si le congé dure moins de quatre mois, ils retrouveront automatiquement le même poste ; au-delà, ils retrouveront un autre poste dans un domaine équivalent. Il ne s’agit en effet pas d’ouvrir une porte de sortie aux salariés, au contraire, le groupe compte sur le dispositif pour les fidéliser.
Le dispositif a été mis en place au sein d’un accord intergénérationnel, négocié avec les syndicats du groupe, qui prévoit également un dispositif de temps partiel sénior pour les salariés en fin de carrière. "Cet accord illustre notre ambition d’inventer un nouveau modèle social permettant à chacune et chacun de se projeter avec confiance et sérénité dans sa future vie professionnelle, tout en répondant aux enjeux de croissance du Groupe", déclarait Gervais Pélissier, directeur général délégué "People et Transformation" d’Orange.
Chez Accenture, des congés sabbatiques en partie rémunérés
Orange n’est pas la seule entreprise à chercher des nouvelles solutions pour renforcer le bien-être de ses salariés. D’autres ont mis en place des dispositifs similaires, comme des congés sabbatiques rémunérés. C’est le cas d’Accenture, la société de conseil, qui propose depuis l’année dernière des "congés de priorité personnelle" de trois mois à ses consultants. Ouverts aux personnes de plus de cinq ans d’ancienneté, qui seront payées à hauteur de 50 % de leur salaire pendant la période, ces congés ne nécessitent pas de justifier d’un projet.
L’idée est venue pendant la crise sanitaire, Olivier Girard, le président d’Accenture France et Benelux, expliquant dans un article du Figaro que "nous avons mesuré à quel point nos collaborateurs avaient besoin d’un nouvel équilibre entre travail et vie privée". Dans un secteur où le turnover est important, ce type de mesure permet de retenir les talents, qui ont tendance à revenir dans l’entreprise une fois leur long congé terminé.
Cela pourrait également servir de faciliter les recrutements. Orange teste pour l’instant son dispositif pour les salariés expérimentés. Mais le groupe de télécom réfléchit déjà à, pourquoi pas, l’ouvrir à terme à des personnes avec moins d’ancienneté.
Arnaud Dumas, @ADumas5