Publié le 25 mai 2017
SOCIAL
La charge mentale des femmes accroît le risque de burn out
Elle a créé le buzz ces derniers jours. La bande dessinée "Fallait demander" de la dessinatrice Emma dénonce la charge mentale qui pèse sur les femmes. Elle montre comment celles-ci planifient le travail domestique (course, ménage, enfants) et comment leur conjoint se reposent sur elles. Une charge lourde qui a un impact sur leur travail professionnel et peut mener au burn out, assure la psychosociologue Sandra Frey.

C’est une scène de la vie quotidienne que la dessinatrice Emma a croqué dans sa nouvelle bande dessinée "Fallait demander". La femme, mère de famille, s’occupe de préparer le repas, laver le linge, donner à manger aux enfants, laver la vaisselle… Des activités matérielles qu'elle a planifiées et organisées pendant sa journée de travail. C'est ce que la dessinatrice appelle la "charge mentale".
Ce concept crée le buzz depuis quelques jours sur les réseaux sociaux. Les planches publiées par la dessinatrice sur sa page Facebook ont été partagées plus de 210 000 fois depuis leur publication. Un succès retentissant car révélateur d’un phénomène qui n’avait, jusque-là, pas été nommé. "Merci. À chaque fois que je disais à mon compagnon que j'étais la seule à faire le ménage, il me répondait "fallait me demander". Je comprends maintenant pourquoi cela m'agaçait tant", commente une lectrice.
Le concept n'est pourtant pas nouveau. "La charge mentale désigne un processus selon lequel, pendant que les femmes travaillent, elles sont parallèlement en train de mener, en arrière-plan, d’autres activités mentales. Elles pensent par exemple à la liste des produits à acheter avant de faire les courses, au goûter à préparer avant d'amener son enfant à la piscine, à la lessive à lancer pour qu'il ait des vêtements de sport propres pour le lendemain", explique à Novethic Sandra Frey, psychosociologue, spécialiste des questions de genre. "C’est un processus qui est lourd à gérer et qui finit par user".
"Trop de multitâches tue le cerveau"
Cette charge mentale s’ajoute à la double journée de travail des mères. En moyenne, selon le dernier rapport de l’Insee, les femmes passent 1h34 quotidiennement à s’occuper des enfants, contre 43 minutes pour les hommes. Elles consacrent également, chaque jour, 3h13 aux tâches ménagères contre 1h12 pour les hommes. Une répartition inégale qui les freinent dans l’accès à l’emploi mais aussi dans leur carrière professionnelle. "C’est pernicieux parce que cela occupe l’esprit en permanence", explique la blogueuse au journal Le Monde, "Cela a un impact sur le sommeil. Au travail, on a plus de mal à se concentrer".
"Imaginez une femme en train de travailler, à minima 8 heures par jour, qui, en plus, est en train de planifier sa deuxième journée de travail. Il n’y a jamais de pause mentale et physique. Le risque, c’est le burnt out", affirme Sandra Frey. Mais "dans certains cas, selon l’articulation des temps, cette caractéristique d’être multi-tâche peut être positive", ajoute la psychosociologue. Un constat qu’a fait la DRH d’un grand groupe français d’Assurance : "Cette habitude de la charge mentale fait que les femmes sont plus aptes à gérer plusieurs projets à la fois dans le cadre professionnel". Mais dans la plupart des cas "trop de multi-tâches, tue le cerveau", résume Sandra Frey.
Marina Fabre, @fabre_marina