Publié le 4 juillet 2020
Nouveaux destins prestigieux pour des inconnus en politique. A Marseille, Michele Rubirola à la tête d’une liste verte et rose, est devenue la nouvelle maire le 4 juillet. La veille Jean Castex, le maire de Prades à l’accent chantant était devenu premier ministre. Avec lui Emmanuel Macron fait le pari d'installer à Matignon un symbole des territoires oubliés pour tenter de réconcilier deux mondes bien différents, celui des terroirs aux populations vieillissantes et celui des métropoles, plus jeunes et plus actives. Un grand écart risqué !

La nomination de Jean Castex réélu triomphalement maire de Prades (Pyrénées Orientales) au premier tour des Municipales offre à Emmanuel Macron la possibilité de réunir deux France(s) qui ne se côtoient pas, en donnant la priorité au dialogue social et à l’écologie. L’homme vient d’un monde peu visible, celui des sous-préfectures. Une fois terminée l’exploitation minière du charbon et du fer dans les années 60, il a fallu réinventer un futur à cette ville de 6000 habitants, si loin de Paris (près de 900 km, plus de huit heures de route!). Pour le site municipal, elle est "au cœur d’une activité qui combine le charme rural aux réalités du monde moderne". Il ajoute "bassin agricole aux productions fruitières et artisanales de qualité, Prades est une ville de développement à fort potentiel disposant d’un réseau de télévision câblée et de l’Internet à haut débit ". 
Cette France des territoires ruraux où la grandeur industrielle se conjugue souvent au passé, a réélu, au premier tour des municipales en mars, 30 000 maires, majoritairement divers droite, portant souvent les couleurs des Républicains. Plus conservatrice, elle rêve de retrouver le temps béni des Trente Glorieuses en réindustrialisant la France et "en travaillant plus" pour redonner du lustre au modèle social né de la Seconde Guerre Mondiale. Jean Castex est le porte-parole tout trouvé de cette France qui se sent si souvent négligée tant les déserts médicaux, d’emplois et de services publics s’y multiplient.
Un profil peu enclin à piloter une relance verte
En revanche, en choisissant le profil de son nouveau Premier Ministre, Emmanuel Macron ne semble pas avoir entendu le résultat du second tour des Municipales où la France des grandes métropoles a massivement voté écologiste et fait basculer trois grandes villes emblématiques de son côté : Marseille, Lyon et Bordeaux. En demandant au spécialiste du déconfinement, des Jeux Olympiques et du dialogue social de porter une priorité écologique dont les contours restent à définir, Emmanuel Macron prend le risque de ne pas être crédible sur une future relance verte. Elle est pourtant appelée de leurs vœux par des grands patrons français qui ont multiplié les appels publics ces dernières semaines.
Dans sa première interview de Premier ministre sur TF1, Jean Castex explique : "L’écologie n’est pas une option, elle est entrée dans toutes les têtes. Elle transcende les classes politiques", assurant que le Président a mis l’environnement au cœur de sa mission. Pour cela, il faut non seulement transformer assez radicalement les modes de consommations et de production à l’image des propositions de la Convention citoyenne, mais aussi déclencher l’adhésion des Français. Une tâche très difficile pour un homme largement inconnu des citoyens dont l’engagement politique était jusque à là à dominante bleue. Ceci dit quand on mélange le bleu avec du jaune, couleur des emblématiques gilets, cela donne du vert !
Anne-Catherine Husson-Traore,  @AC_HT, Directrice générale de Novethic

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes