Publié le 02 mai 2020
POLITIQUE
[À l’origine] le PIB, un outil créé pour mesurer l’impact de la crise de 1929
La crise du coronavirus va peser très lourd sur les PIB des pays du monde. La chute va être brutale pour cet indicateur, souvent débattu, censé représenter la richesse du monde et qui ne peut être que croissant pour que l’économie soit saine… Cet outil a justement été créé dans les années 30 aux États-Unis pour mesurer les effets de la grande dépression.

@WGNO
Les premiers chiffres sont tombés et ils ne sont pas bons. Selon l’Insee, le PIB de la France a chuté de 5,8 % au premier trimestre, la pire chute depuis 1949, date à laquelle le pays a commencé à mesurer cet indicateur. En Italie, le recul atteint 4,7 %, aux États-Unis 4,8 %, l’Espagne de 5,2 %... C’est l’effondrement de l’économie à laquelle nous assistons, alors que dans le modèle de nos économies actuelles, un PIB en baisse est synonyme de récession.
De manière ironique, c’est justement pour mesurer les effets des crises que le PIB a été créé. Si des outils de mesures de l’économie ont été imaginés depuis des siècles, le Produit Intérieur Brut (ou le produit national Brut, PNB) a été adopté il y a moins d’un siècle, tout d’abord aux États-Unis. Au début des années 30, les États-Unis sont à la recherche d’un indicateur pour mesurer les effets de la grande dépression économique suite au crack de 1929. Le Congrès fait appel à l’économiste Simon Kuznets (Futur Prix Nobel d’économie en 1971).
Indicateur mondialisé depuis Bretton Woods
Il créera un agrégat de données économiques qui, retravaillé par John Keynes, donnera naissance au fameux PIB. Il sera employé à partir de 1932 dans le pays devenant peu à peu l’alpha et l’oméga de l’économie. À partir des accords de Bretton Woods en 1944, qui donnent naissance au système monétaire d’après-guerre, le PIB est progressivement adopté par le monde entier. En France, cette mesure s’appliquera à partir 1949.
Au cours de son histoire, le PIB a été critiqué car ne mesurant que des données économiques sans considération pour les ressources environnementales d’un pays ou sa cohésion sociale. D’autres indicateurs ont émergé avec plus ou moins d’influence. Le programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a ainsi poussé l’Indice de développement humain, imaginé en 1990. Il réunit PIB, espérance de vie et l’éducation. Un classement actuellement dominé par la Norvège.
Existe aussi le Produit intérieur brut vert, développé par le Comité d'experts des Nations unies sur la comptabilité environnementale-économique (UNCEEA). Imaginé en 2010, il propose de corriger le PIB des coûts environnementaux. Quant au think-tank britannique NEF, il pousse le Happy Planet Index (Indice de la planète heureuse, HPI) qui mesure depuis 2006 l’empreinte écologique, l’espérance de vie, le degré de bien-être des populations (par sondage) et l'indicateur d'inégalité des revenus. Là où les États-Unis dominent de loin le PIB, ce sont le Costa Rica qui mène le HPI (La France est 44e sur 140).
Ludovic Dupin @LudovicDupin