Publié le 14 mai 2021
NUMÉRIQUE
Après avoir vanté le Bitcoin, Elon Musk lui tourne le dos pour des raisons environnementales
Tesla rétropédale. Après avoir acheté pour 1,5 milliard de dollars de bitcoin, le numéro un mondial de la voiture électrique n’acceptera plus cette cryptomonnaie pour l’achat de ses autos. Son patron, le célèbre Elon Musk, la juge trop polluante. Une récente étude publiée dans Nature a en effet estimé que cette monnaie virtuelle, alimentée au charbon, pouvait même menacer les objectifs climatiques de la Chine.

Elon Musk
Il a fallu un seul tweet pour faire dégringoler de 12 % le bitcoin en Bourse. Le coup a été porté par Elon Musk, le célèbre patron de Tesla, numéro un mondial de la voiture électrique, habitué des tweets à scandale. "Tesla a suspendu les achats de voitures avec des bitcoins. Nous sommes inquiets du recours de plus en plus important aux combustibles riches en carbone pour miner des bitcoins, surtout le charbon, qui a les pires émissions (de gaz à effet de serre) de tous les combustibles", a tweeté le fantasque milliardaire. Si cette décision a suscité de vives réactions c’est que deux mois auparavant, Elon Musk déclarait : "Vous pouvez maintenant acheter une Tesla en bitcoin".
Tesla & Bitcoin pic.twitter.com/YSswJmVZhP
— Elon Musk (@elonmusk) May 12, 2021
Sa société avait investi en début d'année 1,5 milliard de dollars dans le bitcoin. À la fin du premier trimestre, son portefeuille dans la cryptomonnaie valait 2,48 milliards de dollars, d'après un document boursier publié fin avril. Pour certains observateurs, ce rétropédalage est un coup monté. Elon Musk aurait provoqué cette chute du Bitcoin, de manière intentionnelle, pour en racheter moins cher. Le patron de Tesla a souligné qu’il conserverait les Bitcoins achetés en ce début d’année pour pouvoir les réutiliser lorsque la monnaie sera plus propre.
40 % des bitcoins alimentés au charbon
Depuis quelques mois, les critiques envers les cryptomonnaies sont de plus en plus fortes. D’après une étude parue dans la revue Nature le 7 avril, les monnaies virtuelles en Chine menaceraient même les efforts du pays contre le réchauffement climatique. Le problème réside surtout dans la méthode de production de l’électricité. Environ 40% des mines de bitcoins chinoises sont alimentées par de l'électricité issue du charbon, tandis que le reste utilise des énergies renouvelables, selon l'étude. Ces installations gourmandes en charbon sont si grandes que si rien n'est fait, les mines de bitcoins chinoises produiront 130,50 millions de tonnes d'émissions de dioxyde de carbone d'ici 2024. Soit près du total des émissions annuelles de gaz à effet de serre de l'Italie ou de l'Arabie saoudite.
Pour le chercheur Wang Shouyang, l’une des solutions réside dans la modernisation du réseau électrique chinois, dans l'objectif d'assurer un approvisionnement stable à partir de sources renouvelables. "Comme les prix de l'énergie dans les régions chinoises à énergie propre sont plus bas que ceux des régions alimentées en charbon, les 'mineurs' (qui font tourner leur matériel informatique pour effectuer des calculs mathématiques et participer au réseau, dans le but de recevoir une récompense en bitcoin, ndlr) devraient être davantage incités à s'installer dans les régions à énergie propre", a-t-il ajouté. La stratégie ne semble cependant pas dans les tuyaux, puisque la Chine est encore largement dépendante du charbon et envisage même d'augmenter ses capacités de production de 21% par rapport à fin 2019.
Pauline Fricot et Marina Fabre avec AFP