Publié le 16 octobre 2019
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[Infographie] Financements climat : il manque 15 à 18 milliards d’euros par an pour atteindre la neutralité carbone
En plein débat sur le projet de loi de Finances pour 2020, Novethic s'intéresse aux financements climat, privés et publics. Selon le panorama annuel dressé par I4CE, ceux-ci sont en hausse et ont atteint 45 milliards d'euros en 2018. Mais pour être aligné avec son budget carbone et atteindre la neutralité carbone en 2050, la France va devoir faire bien plus.

@CC0
En France, les financements climat progressent mais restent encore insuffisants pour respecter le budget carbone et atteindre la neutralité carbone en 2050. Selon le dernier panorama réalisé par I4CE (1), les investissements en faveur du climat, réalisés par les pouvoirs publics, les ménages et les entreprises, ont dépassé 45 milliards d’euros en 2018.
Si ces chiffres sont en hausse, le think tank estime qu'il manquera, d’ici la fin du quinquennat, entre 15 et 18 milliards d'euros chaque année pour respecter la trajectoire du second budget carbone (2019-2023). Les investissements vont surtout devoir augmenter dans la rénovation des logements, les véhicules bas-carbone, les énergies renouvelables, les transports en commun et les aménagements cyclables.
En parallèle, atteindre la neutralité carbone implique d’arrêter les investissements fossiles défavorables au climat. Ces derniers ont dépassé les 67 milliards d’euros en 2018 et concernent principalement les véhicules particuliers. Pour une voiture bas-carbone vendue, plus de 40 voitures fortement émettrices de CO2 sont mises en circulation. Or, les émissions au kilomètre des véhicules thermiques ont augmenté l’année dernière du fait de la hausse des ventes de véhicules essence et de SUV.
La fiscalité énergétique pèse surtout sur les plus modestes
Le think tank a également passé au crible le budget 2019 de l’État (2). Il a estimé les dépenses défavorables au climat à plus de 17 milliards d’euros dont une large part est constituée de niches fiscales sur la taxation des produits pétroliers. Les dépenses et les niches fiscales favorables au climat, quant à elles, représentent 20 milliards. Une part qui va devoir s’accroître rapidement dans les prochaines années.
Le gouvernement a déjà fait trois propositions dans le cadre du PLF 2020 qui vont dans le sens d’un budget verdi : la suppression de l'exonération partielle de taxe sur le gazole non routier pour le secteur du BTP et de la construction, la réduction de l'avantage fiscal sur le gazole pour les poids lourds et la mise en place d'une "écocontribution" versée par les compagnies aériennes. La commission des finances a par ailleurs adopté un amendement visant à faire disparaître, d’ici dix ans, les principales niches défavorables à l’environnement.
Mais la fiscalité environnementale devra aussi être juste socialement, au risque de relancer le mouvement des Gilets jaunes. Selon l’annexe budgétaire sur le financement de la transition écologique (3), publiée le 11 octobre, la fiscalité énergétique pèse quatre fois plus sur le budget des ménages modestes. Les 20 % de ménages les plus pauvres ont payé en moyenne 715 euros de fiscalité énergétique en 2019, soit 4,6 % de leurs revenus, contre 1 145 euros pour les 20 % de ménages les plus aisés, soit 1,1 % de leurs revenus. Dans les communes rurales, l'effort représente 2,9 % des revenus contre 1,3 % pour les Parisiens.
Concepcion Alvarez @conce1
(1) Voir le panorama des financements climat de I4CE
(2) Voir le budget vert 2019 de I4CE
(3) Voir le jaune sur le financement de la transition écologique